Résumé : |
"Je voudrais essayer de résumer nos connaissances sur l'auto-écologie de Crambe maritima, et tenter d'en expliquer la distribution sur la côte de France où cette espèce Nord-atlantique se rencontre du Morbihan jusqu'au Pas-de-Calais.
Pour les phytosociologues allemands et scandinaves (Tuxen 1950), Crambe maritima est une espèce nitro-halophile. Les observations faites à Talbert corroborent cette opinion. En effet, j'y ai situé la croissance optimale du Chou marin juste au-dessus du niveau normal des hautes mers et j'ai constaté le développement maximal des racines de cette plante au niveau d'un horizon humifère chloruré.
Toutefois, il est bien certain que la nitro-halophilie relative de cette espèce, constatée « in situ » mais qui doit encore être démontrée expérimentalement, ne peut expliquer, à elle seule, la distribution du Crambe sur nos côtes. '
La structure physique du substratum paraît bien plus importante, puisque la plante manque complètement ou presque, sur les plages sableuses, et ne forme, en tout cas, jamais de peuplements importants, en dehors des galets ou des graviers.
Grâce à sa souche puissante et profonde, Crambe maritima est, en réalité, une plante pionnière bien équipée pour coloniser les substratums graveleux ou caillouteux. Très robuste, elle résiste facilement a un déchaussement partiel, voire même à l'abrasion de sa rosette, lors des tempêtes d'hiver, à condition, toutefois, que sa souche soit solidement amarrée dans un substratum assez rigide. Elle rejette alors abondamment de souche et semble même se multiplier, pour une bonne part, de la sorte.
Au contraire, sur estran de sable fin, le Chou marin est rapidement éliminé à cause de l'érosion marine trop active, ou, inversement, en raison de l'accumulation trop rapide des grains de sable.
Ainsi, les propriétés mécaniques du substratum semblent-elles jouer un rôle prépondérant dans la distribution du Crambe sur les côtes Françaises. La physico-chimie du substratum ne paraît d'ailleurs, intervenir que secondairement dans l'élaboration du groupement ainsi que le laisse penser le développement aisé du Crambe en culture.
Toutefois, cette explication n'est qu'une hypothèse que je m'attacherai à vérifier (ou à infirmer) ultérieurement.
Enfin, pour terminer, on remarquera que la biologie de Crambe maritima rappelle, en plus d'un point, celle de certaines plantes sahariennes, notamment en ce qui concerne le développement du -système racinaire. Ce fait met en relief les phénomènes de convergence morphologique, maintes fois signalées, entre les Halophytes et les plantes désertiques, phénomène qui apparaît fortement accentué sur ces déserts de pierres que sont les levées de galets maritimes." (source : auteur) |