void.gif

LHyménophyllede Wilson (Hymenophyllum wilsonii) est une fougère discrète extrêmement rare et menacée en France. Evaluée en danger sur les listes rouges UICN aux niveaux national et régional, cette espèce protégée est recensée en seulement 6 localités françaises dont 5 en Bretagne. Le premier état des lieux complet de l’ensemble de ses localités a été réalisé cet automne par le CBN de Brest et son réseau de correspondants bénévoles, ainsi que les chargés de mission Natura 2000 des sites concernés, permettant de préciser l’état de conservation de ses populations.


 © Gaëtan Masson - CBN Brest

Recensée dans le monde en Europe atlantique et en Macaronésie, lHyménophyllede Wilson est connue en France en seulement trois départements : la Manche où l’espèce n’a pas été réobservée depuis 1992, les Côtes-d’Armor et le Finistère.Cette fougère s’observe principalement au sein de chaos granitiques du centre Bretagne, ainsi que sur les crêtes rocheuses des monts d’Arrée. Ces biotopes bénéficient d’un climat océanique et d’une atmosphère saturée en humidité. Ces conditions sont propices au développement de cortèges d’espèces hyper-atlantiques regroupant plusieurs fougères et bryophytes à fort enjeu de conservationnotamment.

Au sein de ses stations, l’Hyménophyllede Wilsonforme généralement des petits « placages » verticaux sur les roches, en mélange avec plusieurs espèces de mousses et d’hépatiques. Au total, l’ensemble des populations françaises d’Hymenophyllum wilsoniicumulent une surface de moins de 20 m² ! Elles apparaissent globalement en bon état de conservation, mais une petite partie présente un état de conservation moyen voire mauvais. Les principales atteintes identifiées pour cette espèce sont :

  • Le piétinement, la fréquentationet l’arrachage ;
  • La concurrence végétale (en particulier par des espèces de mousses telles que Thuidium tamariscinumou Rhytidiadelphus loreus)
  • L’accumulation de litière (feuilles mortes, branchages, végétaux et lichens décomposés) pouvant localement étouffer les stations d’Hymenophyllum wilsonii et/ou favoriser le développement de végétaux plus concurrentiels ;
  • La baisse de l’humidité générale au sein des stations, pouvant être due à des modifications du fonctionnement hydraulique (barrages et prélèvements d’eau potable en particulier) notamment.

 

© Emmanuel Reymond association Cicindèle

La surveillance des populations de l’Hyménophylle de Wilson permettra d’année en année de suivre finement l’évolution de leur état de conservation, indicateur pertinent pour veiller à la pérennité de cette espèce pour laquelle la Bretagne porte une forte responsabilité.

 

Retrouvez la répartition de l’espèce sur eCalluna


 

 

Alors qu’émergent des questions sur les adaptations de la forêt aux changements globaux, dans un contexte où les pressions sur la forêt bretonne augmentent, une amélioration de la connaissance des végétations forestières apparaît indispensable.Depuis 2021, le CBN de Brest a engagé un travail de synthèse des données existantes ainsi qu’un travail de recueil de données complémentaires.

Unepremièresynthèse des données disponibles en base de données au Conservatoirea été engagée.Pour la plupart des végétations forestièresprésentes ou susceptibles d’être présentes en Bretagne, les connaissances apparaissentencore insuffisantes ; ellesne permettentsouventpas d’établir leur répartition à l’échelle régionale, ni à fournir des données de référence pour leur composition floristique.

Des inventairescomplémentairesont également été réalisés. Ilsont ciblécertaines végétations méconnues et/ou à fort enjeu de conservation tellesque les chênaies hyperatlantiquesde Basse-Bretagneet les aulnaies marécageusesainsi que des secteurs du territoire sous-prospectés.

Le CBN de Brest poursuivra son travail sur les végétationsforestièresde Bretagne dans l’objectif de produire des synthèses et faire avancer la connaissance. Les inventaires se poursuivront et un travail de recherche, d’analyse et de dépouillement bibliographique sera engagé.

 

Nombre de relevés phytosociologiques forestiers recensés par maille de 10x10 km d’après les données de terrain du CBN de Brest sur la période 2010-2023. Sources : bases de données du CBN de Brest, 23 octobre 2023.


© Vincent Colasse - CBN Brest

 

La petite Salvinie (Salvinia minima), une espèce exotique originaire d’Amérique du Sud, a été observée pour la première fois sur le territoire d’agrément du CBN de Brest dans le département de l’Orne. Il s’agirait de la seule localité connue en France en milieu naturel ; l’autre population découverte il y a 3 ans en Charente-Maritime ayant été éradiquée depuis (Jean-Marc Tison, comm. pers. 2023).

Cette espèce appréciée des amateurs d’aquariophilie a été signalée sur la commune de Saint-Roch-sur-Egrenne (61), en contact avec une station de Luronium natans connue depuis plusieurs années du Cen Normandie.

Le biotope où se situe la population correspond à un bras peu actif de la rivière Egrenne. Deux stations ont été découvertes, l’une dans une dépression humide exondée, plus ou moins ombragée, la seconde dans la portion en eau du bras de l’Egrenne. La station exondée paraît relativement restreinte (quelques m²) ; la station « flottante » montre en revanche un recouvrement important et monospécifique, traduisant le caractère envahissant de la plante.

Cette fougère aquatique se distingue des autres espèces du genre Salvinia par la petite taille des frondes (longueur ne dépassant pas les 2 cm et largeur inférieure à 1cm) et par la structure de poils présents sur la face supérieure. En effet, ces poils translucides sont portés par un « pied » plus long que large et les poils à son sommet sont toujours disjoints.

Une surveillance est d’ores et déjà mise en place afin d’évaluer le risque d’envahissement engendré par celle-ci sur les populations d’espèces indigènes (notamment ici Luronium natans : espèce protégée à l’échelle nationale et inscrite à l’annexe II de la directive HFF).

Sa présence établie dans le réseau hydrographique, laisse présager une propagation dans le cours de l’Egrenne, dans les zones plus en aval, toutes aussi propices à son installation.

Même s’il est possible que le froid hivernal puisse éradiquer l’espèce, nos hivers de plus en plus doux lui permettront peut-être de résister comme c’est le cas par exemple pour la Laitue d’eau (Pistia stratiotes) observée dans le Calvados deux années de suite avec une nette progression de la population.

Enfin, il faut savoir qu‘une autre espèce du même genre, Salvinia molesta, fait déjà partie de la liste des espèces préoccupantes de l’Union Européenne et figure à l’Annexe 1-3 de l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain.

 

Découverte de l’espèce et relecture : William Arial_Cen Normandie

Rédaction : Timothée Prey

Détermination : Timothée Prey, CBN Brest avec l’aide de Fabien Dortel, CBN de Brest


Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

 


Structure typique des poils à la face supérieure de la fronde © T. Prey

Station exondée : Salvinia minima en mélange avec Luronium natans © W. Arial

Station flottante : recouvrement abondant et monospécifique de Salvinia minima © W. Arial

 

Contact : Thomas Bousquet, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

La Présidente du Conservatoire botanique national de Brest, Frédérique Bonnard-Le Floc'h,

les membres du Conseil syndical et du Conseil scientifique,

ainsi que le Directeur, Dominique Dhervé et les équipes du CBN

vous adressent leurs voeux pour cette nouvelle année

 

Au printemps 2023, l’École bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez a contacté le Conservatoire botanique national de Brest afin de lui présenter un herbier qui lui a été remis par un de ses élèves. Cet herbier, estimé du 18e siècle et d’auteur inconnu a été réalisé à partir de la flore de Jacques Barbeu du Bourg. Il était important pour Marie-Jo Fourès, formatrice référente à l’école, de conserver cet herbier en Bretagne. Grâce à ce don, l’herbier intègre ce mercredi 22 novembre 2023 les 19 collections déjà conservées au Conservatoire botanique.


Claire Laroche, responsable de la documentation, Frédérique Bonnard-Le Floc'h, Présidente du CBNB, Dominique Dhervé, directeur du CBNB, Marie-Jo Fourès, formatrice et co-fondatrice de l'école bretonne d'herboristerie.

 

 

L’herbier remis au Conservatoire est un ouvrage manuscrit d’une centaine de pages, d’aspect très ancien.

 

Il a la particularité pour un herbier d’être relié. De nombreux éléments nous font penser que cet herbier a été constitué dans la deuxième moitié duXVIIIe voire début XIXe siècle. Tout d’abord, la flore utilisée pour réaliser cet herbier est issue de l’ouvrage publié en 1767 « Le Botaniste françois ou le manuel d’herborisation » de Jacques Barbeu du Bourg, ami de Voltaire et Franklin. La reliure, assez endommagée, n’est pas si courante surtout depuis que Carl von Linné a détaché les planches pour faciliter le classement des spécimens. Ensuite, le système d’attache des plantes par des épingles en cuivre, courant à cette époque, a été progressivement remplacé par d’autres techniques même si certains botanistes  utilisaient encore cette technique. Enfin, la mention du lieu de récolte de la plante est arrivée plus tardivement, cet herbier n’enregistre aucune localité de collecte.

 

Cet herbier est un objet patrimonial probablement issu, même si cela reste à confirmer, d’une époque où la Botanique était en pleine expansion. L’ouvrage sur lequel s’appuie cet herbier suit la méthode naturelle énoncée et développée par Michel Adanson et décrit les plantes des environs de Paris. Barbeu du Bourg est le premier à abandonner le latin savant pour nommer et décrire les plantes en français, innovation qui sera bientôt reprise par de nombreux auteurs.

 

Les auteurs de cet herbier n’ont pas encore été identifiés et ne le seront peut-être jamais. Cependant plusieurs personnes ont contribué à cet herbier, comme le confirme la présence de plusieurs types d’écritures sur les planches et l’emploi du « On » à la fin du recueil. Celles-ci n’ont pas encore été comparées à celle de Jacques Barbeu du Bourg pour savoir s’il y a contribué. Comme à chaque arrivée d’un nouvel herbier au CBNB, une enquête historique doit être menée pour en savoir un peu plus. Une datation du papier sera nécessaire pour compléter ces recherches.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Téléchargez le dossier de presse