Le Panicaut vivipare (Eryngium viviparum J. Gay, 1848) est une des plantes les plus rares et menacées de France. On ne compte plus qu’une seule station spontanée en France, située à Belz dans le Morbihan. Après un premier Plan national d’actions (2018-2022) qui a contribué à améliorer les connaissances de la biologie et de l’écologie de l’espèce et de mener des tests de (ré)introduction dans des sites restaurés, le second Plan national d’actions met l’accent sur le confortement et le renforcement du réseau de sites « Panicaut vivipare ». Le CBN de Brest coordonne sa mise en œuvre.
Le Panicaut vivipare (Eryngium viviparum)
… n’est pas un chardon, même si son nom et son apparence pourraient y faire penser. C’est une plante de la famille des Apiacées (ou Ombellifères). Le Panicaut vivipare est une plante de petite taille. Les feuilles de la base, d’un vert bleuté forment des rosettes. À partir de celles-ci se développent en été des tiges plus ou moins couchées au sol qui se ramifient au cours de leur croissance. À l’aisselle de chaque ramification se développe une ombelle de petites fleurs bleues.
>> Fiche espèce
Une plante des zones humides à inondation temporaire
Le Panicaut vivipare est inféodé à des zones humides dites « oligotrophes », c’est-à-dire des sols pauvres. Il pousse dans des pelouses inondées en hiver et pouvant s’assécher fortement en été. Son cycle de vie est étroitement lié à cette alternance de périodes d’inondation et d’exondation.
Le Panicaut vivipare préfère les milieux ouverts et ensoleillés, il est très sensible à la concurrence végétale. Historiquement, les sites abritant l’espèce étaient pâturés ou faisaient l’objet de décapages superficiels (prélèvement de mottes, par exemple pour couvrir les silos de betteraves). Cette gestion agricole était favorable à l’espèce en maintenant des pelouses rases et ouvertes.

Site de Belz en hiver © E. Glemarec (CBN de Brest) Site de Belz en été © E. Glemarec (CBN de Brest)
Une des plantes les plus rares de France et d’Europe
Dans le monde, le Panicaut vivipare ne se rencontre qu’en France et en péninsule ibérique. Actuellement, on le connaît d’une petite quarantaine de sites situés dans le nord-ouest de la péninsule ibérique et d’un site en France, situé sur la commune de Belz dans le Morbihan. Depuis quelques années, des mesures sont menées pour restaurer des stations historiques de l’espèce et recréer un réseau de sites en France.

Carte de la station actuelle, des sites historiques et des sites restaurés
Une très forte régression au cours du 20e siècle
Jusqu’au milieu du 20e siècle, le Panicaut vivipare était encore connu d’une quarantaine de sites du pays d’Auray. Sa régression en Bretagne est liée à la dégradation, voire la destruction de son milieu de vie : destruction des zones humides par remblaiement, creusement d’étangs ou drainage. Mais le Panicaut vivipare a surtout disparu en raison de l’abandon de pratiques agricoles traditionnelles. L’agriculture a progressivement abandonnée l’usage des zones humides oligotrophes, réputées peu productives et difficiles à exploiter. Les pelouses favorables au Panicaut ont été remplacées par une végétation dense et fermée, ne permettant pas au Panicaut de se maintenir.

Pâturage sur site © Y. Guillevic (Bretagne Vivante)
Un réseau d’acteurs mobilisé en faveur de sa préservation
La préservation du Panicaut vivipare dans le Morbihan mobilise un réseau d’acteurs très impliqué, et ceci depuis de nombreuses années. Si au départ les efforts se sont surtout concentrés sur la préservation de l’espèce dans sa dernière station à Belz, l’ambition est aujourd’hui de restaurer des stations historiques, voire d’introduire l’espèce dans des nouveaux sites écologiquement favorables.

Plan national d'actions 2022-2031 pour le rétablissement et la conservation du Panicaut vivipare
Le Plan national d'actions 2022-2031 vise à amplifier les actions en faveur de la préservation de la dernière station naturelle de l'espèce à Belz et à aboutir à la restauration de populations viables dans des sites restaurés. Il s’inscrit dans la continuité des actions et programmes menés depuis les années 1980, et notamment un premier Plan nation d’actions (2012-2018)

Axes et objectifs du Plan national d'actions 2022-2031
Le Plan national d'actions est structuré en 4 axes, déclinés en 12 objectifs opérationnels et 25 actions
Axe 1 : Créer un dispositif pérenne pour la conservation du Panicaut vivipare et son réseau de sites
- Créer un dispositif pérenne assurant la préservation, la gestion et le suivi des sites du réseau
- Conforter et élargir le réseau de sites « refuge »
- Entretenir et restaurer des milieux favorables dans les sites du réseau
- Renforcer les populations introduites et réaliser de nouvelles introductions
- Assurer la conservation ex situ du Panicaut vivipare
- Surveiller les populations du Panicaut vivipare dans sa station historique et dans les sites d'introduction
Axe 2 : Poursuivre les études permettant d’améliorer les connaissances de la biologie et de l’écologie du Panicaut vivipare
- Mieux cerner et décrire l’originalité écologique du Panicaut vivipare et les conséquences pour sa gestion
Axe 3 : Faire de la conservation du Panicaut vivipare et de ses habitats un levier pour de nouvelles coopérations territoriales
- Elargir le réseau d’acteurs autour de la conservation du Panicaut vivipare et de ses habitats
- Renforcer l’implication des élus dans la conservation du Panicaut vivipare et de ses habitats
- Intégrer l’enjeu de la préservation du Panicaut vivipare et de ses habitats dans les politiques d’aménagement du territoire (PLU, TVB, ZNIEFF…)
- Sensibiliser et informer tous les publics
Axe 4 : Poursuivre l’animation du réseau d’acteurs
- Animer et coordonner le réseau d'acteurs œuvrant pour la sauvegarde du Panicaut vivipare
- Animer et coordonner la mise en œuvre du Plan national d’actions
Principaux partenaires :
Ministère en charge de l’Écologie
Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Bretagne
Syndicat mixte de la Ria d’Etel
Centre des monuments nationaux
Contact :
Marion Hardegen
Responsable antenne Bretagne
Conservatoire botanique national de Brest
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Pour en savoir plus :
Histoire végétale : Le Panicaut vivipare (Eryngium viviparum)
Regards d’acteurs : la préservation du Panicaut vivipare
En savoir plus
Plan national d’actions 2022-2031 pour le rétablissement et la conservation du Panicaut vivipare
Fiche espèce Eryngium viviparum




















De 2018 à 2020, le Conservatoire botanique s'est engagé, avec 10 autres partenaires financiers, dans un grand programme de cartographie régional et mutualisé permettant de visualiser la répartition de 27 grands types de végétation à l'échelle de la Bretagne administrative.

Entre 2019 et 2020, le Conservatoire a évalué la responsabilité de la Bretagne et des sites Natura 2000 pour la conservation des habitats d’intérêt communautaire. Ce travail, répondant à un besoin exprimé par la DREAL et les chargés de mission Natura 2000, devrait aider à évaluer et prioriser les actions de gestion tant au niveau local qu'au niveau régional. Il repose sur des connaissances acquises ces vingt dernières années par le Conservatoire et permet de replacer la responsabilité de la région dans un cadre national et européen.