void.gif

Du 13 au 15 octobre, les Conservatoires botaniques nationaux (CBN) se sont réunit à Blois pour apporter des solutions nationales aux enjeux de préservation de la biodiversité. Objectif : optimiser l'appui de ce réseau incontournable auprès des politiques publiques et au service de la biodiversité végétale française.

 

Une délégation du CBN de Brest était présente parmi les 240 élus, experts botanistes et professionnels de l’environnement.

Dominique Dhervé, directeur général, témoigne :

"A côté du plaisir de se retrouver après des mois de distanciel, ces Rencontres ont permis de dresser, avec le ministère de la Transition écologie et l'Office français de la biodiversité, un bilan des travaux de consolidation du cadre national d'action des CBN (décret sur les missions, financements, identité visuelle...), un état des attentes opérationnelles réciproques mais aussi un point sur les chantiers qui restent encore ouverts : statuts, périmètres géographiques. Les ateliers techniques ont facilité les collaborations sur différents sujets communs au réseau : connaissance de la flore et des végétations, communication, documentation... tout cela dans le magnifique cadre de la ville de Blois. Un moment riche et revigorant."

Sylvie Magnanon, directrice scientifique des actions régionales et interrégionales, confirme :

"Une belle équipe, heureuse de se retrouver et d'échanger."

Ces Rencontres ont marqué un tournant pour le réseau des CBN, renforcé cette année par un nouveau cadre de mission et une nouvelle identité visuelle qui sera prochainement dévoilée.

 

Au deuxième rang en partant du bas, une partie de la délégation du CBN de Brest, de droite à gauche :
Audrey Dupuy (déléguée régionale Pays de la Loire), Catherine Zambettakis (déléguée régionale Normandie-Caen), Dominique Dhervé (directeur général), Frédérique Bonnard Le Floc'h (présidente) et Marion Hardegen (déléguée régionale Bretagne), photographiés par Sylvie Magnanon (directrice scientifiques des actions régionales et interrégionales).

 

 

12 Conservatoires en France

Partenaires

  • Office français de la biodiversité
  • Fédération des Conservatoires botaniques nationaux
  • Muséum national d'Histoire naturelle

Contact

Dominique Dhervé
Directeur général
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Articles associés

En 45 ans d’activité, le Conservatoire botanique est devenu un acteur incontournable dans ses différents champs d’activité et la compétence de ses équipes est très appréciée. Son bilan scientifique et technique est particulièrement important, reconnu et alimente les travaux de nombreux acteurs de la biodiversité. Cependant, malgré ce bilan positif en termes de mission, l’établissement souffre de failles structurelles importantes qui entravent ses activités ainsi que l’expression de ses compétences et font peser d’importants risques sur son avenir. Le Conservatoire s'est mis en ordre de marche ce printemps pour construire un nouveau projet d'établissement au service de la biodiversité végétale. C'est le sens du projet Transitions.

 

Les raisons qui motivent ce projet

  • Une attente montante en expertise de la biodiversité qui se heurte à des difficultés de réponse et une forte pression sur les personnels, compte tenu des limites structurelles de l'établissement.
  • Un modèle économique fondé sur une proportion très importante de financements émiettés et volatils qui génère des injonctions contradictoires entre mission de service public et une logique dominante de prestations ou de projets à court - moyen terme ainsi que des risques économiques importants.
  • Un périmètre géographique statutaire (Bretagne) qui n’est pas en adéquation avec le périmètre opérationnel (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire), ce qui fragilise la légitimité juridique de son intervention.
  • L’avènement du Conservatoire botanique national de Normandie à l’horizon 2023 qui entraînera une diminution du périmètre d’intervention ainsi qu’une perte de mutualisation de moyens.
  • L’apparition de nouveaux acteurs dans le paysage institutionnel de la biodiversité avec la création de l’Office français de la biodiversité et des Agences régionales de la biodiversité ou encore l'apparition de Conservatoires d’espaces naturels doit être l'occasion de bien définir les rôles et missions ainsi que les complémentarités et synergies d'action.
  • La loi de transformation de la fonction publique de 2019 conduit au changement d'organisation du travail avec des conséquences financières importantes au 1er janvier 2022.

 

De nouveaux élu.e.s à la barre

Le nouveau Comité syndical du Conservatoire botanique national de Brest, issu des élections municipales de 2020 et des élections départementales et régionales de 2021, a achevé sa mise en place ce début octobre. Il est présidé par Frédérique Bonnard Le Floc'h, vice-présidente de Brest métropole. Au total, 11 délégués titulaires et 11 suppléants siègent au sein de la nouvelle assemblée et y représentent leur collectivité ou établissement de rattachement : Brest métropole, Région Bretagne, Département du Finistère, Université de Bretagne Occidentale.

La présidente marque le cap en fixant comme objectif de la mandature de "finir la construction d'un établissement public adapté aux enjeux actuels de la biodiversité et bien installé dans un paysage d'acteurs qui a beaucoup évolué". "Le projet Transitions qui se déploie depuis le printemps dernier touche aux questions matérielles avec l’installation dans de nouveaux locaux, organisationnelles, financières et territoriales. Il est marqué par l'émergence du Conservatoire botanique national de Normandie qui conduit l'établissement à se réorganiser sur ses deux autres régions d'intervention."

 

Contact

Dominique Dhervé
Directeur général
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Articles associés

Dans le cadre du programme Maurice 2020-2022 : programme Zero extinction, le Conservatoire botanique et ses partenaires ont lancé la création d'une banque de graines sur l'île Rodrigues. Elle renferme déjà 38 769 graines de 49 espèces endémiques !

Rodrigues, la plus ancienne des îles mascareignes, détient un patrimoine botanique exceptionnel et unique au monde dont certaines espèces extrêmement menacées qui nécessitent des mesures urgentes de conservation.

Chaque année, 50 000 arbres indigènes sont produits par Mauritian Wildlife Foundation, notre ONG partenaire pour la reforestation des zones dégradées de l'île Rodrigues. Mais durant certaines périodes de l'année, lorsque les graines viennent à manquer sur les arbres semenciers, leur pépinière souffre d'un déficit d'approvisionnement.

Pour ces raisons, l'expertise du Conservatoire botanique a été mobilisée. Il s'est entouré du soutien financier de Klorane Botanical Foundation, le CEPF et l'Arche aux plantes pour créer une petite banque de graines sur place afin de garantir un approvisionnement tout au long de l'année, augmenter la productivité de la pépinière et assurer la conservation à long terme des espèces endémiques les plus menacées.

Après quelques semaines de fonctionnement, la nouvelle banque de graines de Rodrigues renferme déjà 49 espèces endémiques soit 38 769 graines ! Bravo aux équipes !

 

 

Le saviez-vous ? Le principe d'une banque de graines consiste à préserver les semences d'espèces végétales à plus ou moins long terme selon les modes de conservation choisis (réfrigérateur ou congélateur) et la capacité physiologique des graines à supporter ce mode de conditionnement. Ce dispositif présente l'avantage de préserver dans d'excellentes conditions des milliers de graines dans un espace restreint à un coût modéré.

 

Objectifs du programme

  • Apporter les compétences du Conservatoire, son savoir-faire en matière de conservation d’espèces végétales menacées et son assistance technique.
  • Créer une banque de graines pour une conservation à court terme (réfrigérateurs) afin de permettre l'approvisionnement régulier de la pépinière de production.
  • Créer une banque de graines à long terme (congélateurs) où les semences d'espèces les plus menacées sont conservées à -18°C sur une longue durée.
  • Former le personnel technique de Mauritius Wildlife Foundation - Rodrigues au fonctionnement d'une banque de semences en autonomie.

 

Partenaires

Partenaires financiers

Partenaires techniques

 

Programmes associés

Contact

Stéphane Buord
Directeur scientifique des actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

"Aujourd’hui, la prise de conscience est là, mais nous n’en sommes pas encore au stade de la priorité politique. Pour que ça s’améliore, il faudrait admettre que les enjeux de la biodiversité sont à placer comme le fondement de tout, de nos vies, de nos économies"…

Sylvie Magnanon, directrice des actions régionales et interrégionales du Conservatoire botanique revient, dans le magazine Sillages de Brest métropole, sur 30 ans d'action de l'établissement et donne son avis sur les enjeux d'aujourd'hui.

 

 

Extraits de l'article

"En 30 ans, le Conservatoire a énormément changé, dans sa structure comme dans son action. Nous sommes passés d’une équipe de 8 personnes en 1991 à un pôle de 40 personnes en charge des trois régions de l’Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Normandie). Entre-temps, nous avons développé l’action en faveur de la connaissance de la flore sauvage et acquis énormément de connaissances sur le sujet. Nous avons mis en oeuvre des plans d’actions sur l’état des populations, proposé des solutions pour leur sauvegarde… mais nous n’avons pas la main sur leur préservation, puisque cela dépend à la fois des politiques d’aménagement du territoire et de la prise en compte de ces espèces dans les pratiques agricoles, mais aussi de la manière dont les personnes respectent les espèces et leur milieu au quotidien..."

"Quel pourrait être le déclic pour que nos schémas s’inversent ? Quand on aura compris que la biodiversité c’est notre vie à nous les humains, que c’est grâce à elle qu’on se nourrit, qu’on s’habille, qu’on respire… Et puis, il y a le sensible : on ne respecte ni ne comprend quelque chose que l’on ne connaît pas. Je crois donc à une politique d’éducation à l’environnement forte, dès le plus jeune âge, de sorte qu’il devienne évident que la biodiversité est quelque chose dont on a besoin pour vivre, qu’elle n’est ni un ennemi ni une contrainte réglementaire, qu’elle est tout simplement vitale, et joyeuse ! Tant qu’une majeure partie de la population n’aura pas conscience de ça, on ramera".

 

A lire dans Sillages n°240 • en feuilletant ou en téléchargeant le numéro (7,34Mo).

 

 

Articles associés

Pour la dernière sortie organisée par le Conservatoire botanique en Pays de la Loire cette année, les correspondant.e.s bénévoles se sont retrouvé.e.s sur les grèves du lac d'Apremont en Vendée, une retenue d'eau créée en 1966 et qui permet d'alimenter 130 000 personnes en eau potable. Voici le compte-rendu de leur sortie botanique du 19 septembre 2021.

 

Contexte

La Vendée possède assez peu de ressources d'eaux souterraines et aucun grand fleuve n'y circule. Pourtant, les besoins sont grands : eau potable pour la population et pour les estivants qui sont nombreux, eau d'irrigation pour les cultures céréalières qui couvraient 103 000 ha en Vendée en 2010. Ainsi, le département possède 13 retenues pour la production d'eau potable.

La retenue du lac d'Apremont a fait l'objet de peu d'inventaires floristiques sur la partie marnante, alors que les abords sont plutôt bien connus.

Malgré les niveaux d'eau trop hauts (réservoir encore rempli à 46%) pour accéder à la plus vaste zone de grèves située au confluent de la vie et de la Petite Boulogne, les botanistes sont tout de même parvenus à herboriser sur la partie la plus en amont de la retenue, sur le bras de la Vie, où ils ont pu observer une végétation typique des grèves exondées.

 

Les espèces observées

 

  • Dans la ceinture d'hélophytes** depuis longtemps hors d'eau : Lycopus europaeus, Iris pseudacorus, Scutellaria galericulata, Stachys palustris, Angelica sylvestris et un petit massif de Menthes, composé de Mentha aquatica et de Mentha arvensis. Les botanistes ont pu parfaitement observer les deux espèces, leur odeur respective, les dents du calice (fines et pointues chez aquatica, triangulaire chez arvensis). Ils ont aussi vu Mentha x verticillata et relevé les caractères intermédiaires de cet hybride, fréquent mais peu noté car difficile à identifier en dehors de la période de floraison qui est assez tardive (il a globalement l'odeur de M.aquatica et les inflorescences verticillées de M.arvensis).



    **Les hélophytes sont des végétaux finissant par développer un appareil végétatif et reproducteur totalement aérien, mais en gardant leurs appareils souterrains dans un substrat vaseux gorgé d'eau. Certaines commencent leur cycle à l'état submergé alors que d'autres commencent d'emblé comme un végétal terrestre (d'après M.Montegut - Tome 1 - Milieu aquatique et flore)".

 

  • Un peu plus bas, dans une ceinture à substrat plutôt grossier, exondée depuis plusieurs semaines et où la végétation était bien avancée : Crypsis alopecuroides, Plantago pleiosperma (P.major subsp. intermedia), Polygonum lapathifolium, Bidens tripartita, Digitaria sanguinalis, Lipandra polysperma (=Chenopodium polyspermum), Gnaphalium uliginosum, Lythrum portula, Corrigiola littoralis, Lindernia dubia, Rorippa palustris, Oxybasis rubra (=Chenopodium rubrum) extrêmement nanifié...
  • Plus bas encore, dans un substrat plus vaseux : de toutes jeunes plantules de Limosella aquatica (au stade de feuilles linéaires), et de nombreuses plantules difficiles à identifier (parmi lesquelles probablement Amaranthus blitum).
  • Sur une partie vaseuse (atterrissement) : une vaste population de Rorippa amphibia, quelques pieds de Cyperus fuscus et un seul pied de Panicum barbipulvinatum (=Panicum capillare var. occidentale), espèce exogène encore assez méconnue mais très répandue sur les grèves.
  • En remontant près de la berge : Rosa stylosa à ses feuilles légèrement velues dessous, aux folioles assez étroites, finement dentées et aux cynorrhodons pourvus d'un disque stigmatique particulièrement bombé/conique, les styles en colonne mais non soudés, et les pédicelles glanduleux. Leersia oryzoides et Dysphania ambrosioides (=Chenopodium ambrosioides), viennent compléter l'inventaire des hauts de grèves.
  • Sur le retour, quelques pieds d'Amarante correspondant, pour l'une d'elle, à la description d'Amaranthus hybridus subsp. hybridus var. pseudoretroflexus, et pour l'autre, à Amaranthus blitum subsp. blitum, réputée indigènes et en déclin dans les cultures, sont collectés.
  • Le long du lac vers le Nord : Sparganium erectum subsp. oocarpum, sous-espèce hybridogène notablement méconnue, à utricules très gros et trapus, peu nombreux (infrutescence majoritairement avortée), Solanum chenopodioides, surtout connu, en Vendée, des marais Poitevin et Breton, non signalé ailleurs alors qu'il est fréquent dans les milieux fortement anthropisés (Villes) et bords de route en Loire-Atlantique. Les botanistes se risquent à goûter son fruit mûr, par analogie avec Solanum nigrum dont les baies ont le goût d'une tomate très sucrée et un peu douceâtre. Ici, le goût est persistant, sucré, légèrement amer et laisse une sensation proche de celle de la réglisse. Étonnant mais pas forcément apprécié de tous !

   

   

Après cette dégustation, ils se quittent, heureux d'avoir pu échanger autour de leur passion commune "en chair et en os" ! Ils espèrent se revoir dès 2022 pour une nouvelle saison d'herborisations.

Rédaction : Fabien Dortel.
Photos : Cédric Perraudeau et David Hamon.

 

Appel à contribution  • Si vous avez des propositions de sites à prospecter, n'hésitez pas à contacter Fabien Dortel à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Pour aller + loin

 

Contact

Fabien Dortel
Responsable régional du réseau des correspondant.e.s bénévoles
Chargé d'études flore
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.