La Laiche des Hartman (Carex hartmaniorum A. Cajander, Syn : C. hartmanii A. Cajander nom invalide)
La dernière mention de cette espèce dans l’ensemble de l’Ouest de la France datait de 1896, avec une observation dans le département de la Manche. Le 8 juin 2024, elle a été découverte, non sans surprise, à Longué-Jumelles dans le Maine-et-Loire.
Carex hartmaniorum épi femelle © David Hamon
Cette Laiche, peu connue en France, se range dans le groupe des Laiches hétérostachyées (épis morphologiquement différents entre eux) avec des épis bicolores (utricules verts et écailles brun pourpre foncé) : un épi terminal bisexué à fleurs mâles dans la partie inférieure (parfois entièrement mâle ce qui peut porter à confusion) et 3 à 5 épis généralement entièrement femelles. Cette espèce est plutôt variable. Pour cette raison, de loin (certains rajouteront « par temps de brouillard avec des lunettes de soleil »), cette laiche pourrait être prise pour une Laiche noire (Carex nigra). Autant on arrivera sans mal à distinguer ces deux espèces, autant on aura un peu plus de mal à différencier la Laiche des Hartman de sa cousine qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau : la Laiche de Buxbaum (Carex buxbaumii).
La Laiche des Hartman est rare en France, avec un noyau dans la région Centre, quelques stations en Alsace-Lorraine, dans l’Est du Massif-Central, dans le Sud-Est et dans les Pyrénées-Orientales. Elle se rencontre dans des prairies humides acidiclines.
Carex hartmaniorum inflorescence © David Hamon
Avec seulement une donnée ancienne dans la Manche en 1896 par Corbière pour tout l’ouest de la France, ce fut donc une énorme surprise que de la rencontrer lors d’une journée découverte des Carex organisée par Anjou Bota le 8 juin dans une prairie humide de la Forêt de Monnaie à Longué-Jumelles (Maine-et-Loire). Cette première station, comportant un grand nombre d’individus, a été estimée à 200-300 tiges fleuries, et elle a été complétée 3 jours plus tard par une autre station située à 800 mètres de la première, et ne comportant qu’une vingtaine de pieds fleuris. Les deux stations étant situées dans des parcelles dont la fauche a été arrêtée il y a quelques années, elles sont menacées de disparition à court terme si une fauche tardive avec exportation n’est pas réalisée rapidement. Par chance, elles sont toutes les deux situées dans un Espace Naturel Sensible géré par l’ONF qui va donc être sensibilisé à la gestion de ces stations.
La question est maintenant de savoir pourquoi cette Laiche est passée inaperçue durant tout ce temps alors que ces prairies avaient déjà reçu des visites de botanistes. Peut-être a-t-elle été prise pour une laiche mal formée ou rabougrie, voire un hybride. En tout cas, elle est à rechercher en commençant par les prairies humides de fauche à proximité de ces deux premières stations. Ces espèces compagnes trouvées dans les deux stations peuvent aider la recherche de nouvelles stations : Carex panicea, Carex hirta et Carex flacca subsp. flacca, Cirsium tuberosum, Succisa pratensis ou encore Trocdaris verticillatum. Nous invitons les botanistes de l’Ouest à ouvrir l’œil !
Contacts : David Hamon Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Émilie Vallez Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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