Au printemps 2023, l’École bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez a contacté le Conservatoire botanique national de Brest afin de lui présenter un herbier qui lui a été remis par un de ses élèves. Cet herbier, estimé du 18e siècle et d’auteur inconnu a été réalisé à partir de la flore de Jacques Barbeu du Bourg. Il était important pour Marie-Jo Fourès, formatrice référente à l’école, de conserver cet herbier en Bretagne. Grâce à ce don, l’herbier intègre ce mercredi 22 novembre 2023 les 19 collections déjà conservées au Conservatoire botanique.
Claire Laroche, responsable de la documentation, Frédérique Bonnard-Le Floc'h, Présidente du CBNB, Dominique Dhervé, directeur du CBNB, Marie-Jo Fourès, formatrice et co-fondatrice de l'école bretonne d'herboristerie.
L’herbier remis au Conservatoire est un ouvrage manuscrit d’une centaine de pages, d’aspect très ancien.
Il a la particularité pour un herbier d’être relié. De nombreux éléments nous font penser que cet herbier a été constitué dans la deuxième moitié duXVIIIe voire début XIXe siècle. Tout d’abord, la flore utilisée pour réaliser cet herbier est issue de l’ouvrage publié en 1767 « Le Botaniste françois ou le manuel d’herborisation » de Jacques Barbeu du Bourg, ami de Voltaire et Franklin. La reliure, assez endommagée, n’est pas si courante surtout depuis que Carl von Linné a détaché les planches pour faciliter le classement des spécimens. Ensuite, le système d’attache des plantes par des épingles en cuivre, courant à cette époque, a été progressivement remplacé par d’autres techniques même si certains botanistes utilisaient encore cette technique. Enfin, la mention du lieu de récolte de la plante est arrivée plus tardivement, cet herbier n’enregistre aucune localité de collecte.
Cet herbier est un objet patrimonial probablement issu, même si cela reste à confirmer, d’une époque où la Botanique était en pleine expansion. L’ouvrage sur lequel s’appuie cet herbier suit la méthode naturelle énoncée et développée par Michel Adanson et décrit les plantes des environs de Paris. Barbeu du Bourg est le premier à abandonner le latin savant pour nommer et décrire les plantes en français, innovation qui sera bientôt reprise par de nombreux auteurs.
Les auteurs de cet herbier n’ont pas encore été identifiés et ne le seront peut-être jamais. Cependant plusieurs personnes ont contribué à cet herbier, comme le confirme la présence de plusieurs types d’écritures sur les planches et l’emploi du « On » à la fin du recueil. Celles-ci n’ont pas encore été comparées à celle de Jacques Barbeu du Bourg pour savoir s’il y a contribué. Comme à chaque arrivée d’un nouvel herbier au CBNB, une enquête historique doit être menée pour en savoir un peu plus. Une datation du papier sera nécessaire pour compléter ces recherches.
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