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C’est lors d’une sortie dédiée aux lichens terricoles en décembre 2024 dans le vallon de Port Blanc à Locmaria au sud de l’île, qu’Acaulon mediterraneum, une minuscule bryophyte a été découverte. En examinant sous la loupe binoculaire un échantillon de sol, cette petite bryophyte est apparue en population groupée de quelques millimètres de hauteur.


Colonie Acaulon mediterraneum © Yves Brien

 

Au départ, on pense à Acaulon muticum qui n’a jamais été signalé sur l’île. Mais l’examen des spores au microscope nous conduit à un autre taxon très proche. En effet, Acaulon muticum et Acaulon mediterraneum ne diffèrent que par leurs spores, finement granuleuses pour le premier, finement spinuleuses pour le second, dans des capsules orange à peine pédonculées.

 

Elle fût observée sur le sol d’un mur en moellon local, en condition bien ensoleillée. Belle-Ile, avec ses faibles précipitations, autour de 700 mm annuels, son ensoleillement parmi les plus forts de Bretagne, 2200 heures de soleil par an contre 1600 à Ouessant, et sa période sèche estivale, est favorable à la présence de ce taxon à tendance méditerranéenne. Elle rejoint ainsi, les bryophytes et hépatiques caractéristiques de ce climat particulier et déjà observées à Belle-Ile : Fossombronia echinata ou encore Corsinia coriandrina.


Individus Acaulon mediterraneum © Yves Brien

Acaulon mediterraneum serait à rechercher ailleurs en Bretagne, plutôt sur sol neutre, car, bien que rare, il est néanmoins présent dans quelques comtés de l’ouest de l’Angleterre. Pouvant être confondu avec Acaulon muticum, il convient d’examiner les spores au microscope.


Spore Acaulon mediterraneum © Yves Brien
 

Depuis septembre 2024, une équipe de bénévoles passionnés s'active pour préserver les herbiers conservés au CBN de Brest. Ils sont plus de 25, amoureux de la nature et désireux de contribuer à la conservation de ce patrimoine scientifique, à donner de leur temps, au moins une demi-journée par mois.

Chaque semaine, près de 12 bénévoles se retrouvent pour monter des planches d'herbiers, un travail méticuleux et collectif qui a permis de finaliser plus de 450 planches en seulement trois mois.

 

Un héritage botanique exceptionnel : la collection du Frère Louis Arsène

 

 

Le Frère Louis Arsène (1875-1959), botaniste morbihannais, a constitué une collection remarquable de plus de 20 000 planches d'herbiers, dont une partie est conservée au CBN de Brest et deux autres à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Jersey. Véritables témoignages d'une époque de l'histoire botanique, ses travaux constituent un patrimoine historique et scientifique.

 

 

Le groupe de bénévoles a commencé par travailler sur la collection "France et Europe" du Frère Louis Arsène. Ce corpus comprend le ou les échantillons récoltés ainsi qu'une étiquette bien renseignée, cela le rend idéal pour s'initier aux techniques de montage.

Maintenant que les techniques de montage sont maîtrisées, l'équipe de bénévoles se prépare à relever un nouveau défi à partir de fin février 2025 : restaurer la collection des plantes de l'Ouest de la France issue principalement des récoltes du Frère Louis Arsène. L'analyse de cette collection permettra ensuite au CBN de Brest d'enrichir ses connaissances sur la flore du Massif armoricain, en exploitant les données de répartition historique.

 

L'importance d'un herbier

Un herbier n'est pas qu'une simple collection de plantes séchées. C'est un outil scientifique essentiel pour la recherche en botanique. Les herbiers permettent d'identifier les espèces mais aussi d'étudier l'évolution de la flore ou encore de suivre la répartition des espèces, notamment pour les plantes rares ou menacées.

Grâce au montage minutieux des bénévoles, ces planches, véritables archives scientifiques contribuent à la connaissance du monde végétal et à la préservation de la biodiversité. En s'investissant dans ce projet, nos bénévoles jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de ce patrimoine historique précieux.

 

Rejoignez l'aventure !

Vous souhaitez vous investir dans un projet enrichissant ? Partager un moment convivial tout en contribuant à la préservation de notre patrimoine naturel et scientifique ? Rejoignez notre équipe de bénévoles !

Que vous soyez botaniste amateur ou simplement une personne minutieuse, vous êtes les bienvenu.e.s ! Les séances de montage se tiennent tous les mardis et les vendredis matin.

 

Pour plus d'informations et pour vous inscrire, contactez-nous à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


L'équipe de bénévoles du groupe herbier

 

 

Témoignage de Sylvie P., bénévole enthousiaste

Le réseau naturaliste dont je suis adhérente m'a relayé l'annonce dans laquelle le CBN de Brest indiquait qu'il recherchait un soutien bénévole pour monter des herbiers anciens, la proposition m'a tout de suite intéressée.

Quelles ont été alors mes motivations ?

Tout d'abord, de formation scientifique, j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à réaliser des herbiers. Ensuite, je suis depuis longtemps les activités du Conservatoire botanique avec beaucoup d'intérêt. Enfin, avoir la chance de découvrir des plantes séchées, depuis plus de 150 ans parfois, et se rendre utile dans un domaine qui m'intéressait ont été des motifs prépondérants.

Ma décision était prise !

Et ensuite ?

Ce fut le début d'une belle aventure : Claire et Laurence ont accompagné notre formation avec beaucoup de bienveillance mais sans oublier la rigueur et l'exigence nécessaires à ce projet. Elles ont ainsi su créer une ambiance que je retrouve avec plaisir à chaque atelier.

Loin d'être monotones, les tâches liées au montage, peuvent, selon nos envies, varier d'une séance à l'autre : préparation, montage de l'échantillon où l'on oublie, ni la rigueur ni l'esthétique, saisir des données.  

 

 

 

 

 

 

 

Programme Prairies naturelles de Bretagne - prajeier Breizh - prée natural de Bertègn

Depuis avril 2024 et pour une période de 4 ans, le CBN de Brest a lancé un programme sur les végétations des prairies bretonnes grâce au soutien financier de l’Europe (fonds FEDER), de l’Etat (fonds vert) et d’une contribution propre (autofinancement).


Prairie - Élise Laurent © CBN Brest
 

Supports de production et de biodiversité, les prairies permanentes ont connu une régression importante depuis les années 1970 tant au niveau régional qu’au niveau national et européen. La Bretagne est la région française qui enregistre le plus important pourcentage de recul de surfaces toujours en herbe entre 1970 et 2010 (- 73% pour une perte nette de 377 084 ha). En plus de leur raréfaction, l’intensification des pratiques agricoles affecte également la qualité de ces prairies qui se traduit globalement par une baisse des services environnementaux et agronomiques qu’elles fournissent et une perte de biodiversité au sein des paysages agricoles. Intimement lié à l’élevage bovin sur le territoire breton, l’avenir des prairies est également rendu incertain dans le contexte actuel de diminution de l’élevage. En Bretagne, comme en France et en Europe, les prairies naturelles font ainsi partie des écosystèmes les plus menacés.
 

À l’échelle régionale, le manque de référentiels techniques partagés entre gestionnaires d’espaces naturels et professionnels de l’agriculture rend parfois difficile leur maintien ou leur restauration en bon état, par des pratiques de gestion adaptées. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, le CBN de Brest est régulièrement sollicité par des acteurs bretons de l’agroenvironnement pour mieux connaître la diversité, l’intérêt, la répartition et le fonctionnement des prairies naturelles de Bretagne, ceci dans l’objectif d’améliorer leur gestion et leur préservation.

Partant de ce constat, le CBN de Brest a souhaité :

  • • améliorer la connaissance des prairies naturelles de Bretagne : composition floristique, écologie, répartition, modalités de gestion ;
  • • permettre une meilleure prise en compte de l’enjeu de préservation des prairies naturelles notamment dans les réseaux des aires protégées ;
  • • créer, en partenariat avec les acteurs volontaires, des outils et référentiels mobilisables dans des projets en faveur de la biodiversité ;
  • • contribuer à la dynamique régionale visant à mieux concilier agriculture & biodiversité.
 

Troupeau sur pâture - Élise Laurent (CBN Brest)

 

Le programme “Prairies naturelles de Bretagne - Prajeier Breizh - Prée natural de Bertègn” prévoit notamment : 

  • l’élaboration d’un guide de reconnaissance et d’évaluation des végétations prairiales de Bretagne ;
  • le lancement d’une dynamique d’inventaire participatif régional des types de prairies ;
  • des actions de collaboration, communication, sensibilisation et formation à destination des acteurs bretons, en lien avec les dynamiques régionales et nationales.

Les actions engagées dans le cadre de ce programme s’inscrivent dans la volonté de mettre en place un dispositif durable de préservation et d’amélioration des connaissances des prairies bretonnes. En ce sens, elles constitueront le socle d’un observatoire régional des prairies naturelles de Bretagne qui a vocation à perdurer au-delà du présent programme.

Pour contribuer aux choix méthodologiques et à la synthèse des résultats, des instances de suivi et de concertation associant les partenaires techniques, scientifiques et financiers du programme, notamment des spécialistes de l’environnement et des professionnels du monde agricole, seront constituées. 


Concours prairies fleuries - Élise Laurent -CBN Brest)

 


Contact

Elise LAURENT Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Chargée d’études flore & habitats
Cheffe du projet « Prairies naturelles de Bretagne »
Antenne Bretagne

À la demande de la Région Pays de la Loire, le Conservatoire botanique national de Brest a réalisé en 2024 une plaquette présentant le bilan des connaissances concernant les plantes à fleurs et fougères, les bryophytes, charophytes et lichens ainsi que de la végétation en Pays de la Loire.

Des chiffres clés sur la diversité végétale régionale, sur les enjeux de conservation et les points chauds de biodiversité sont mis en avant dans ce document. L’objectif recherché est de diffuser l’état des connaissances de la flore et de la végétation en Pays de la Loire. Cela sert également à définir les priorités de conservation et à alerter les pouvoirs publics.

En effet, le Conservatoire botanique national de Brest est un organisme scientifique public dédié à l’inventaire de la flore et de la végétation, à l’identification et la conservation des espèces et groupements végétaux rares et menacés, sur son territoire d’agrément, composé des régions Bretagne et Pays de la Loire. Avec l’appui d’un important réseau d’observateur.ice.s et de partenaires, qu’il anime et encadre, le CBN de Brest recueille des connaissances qui nourrissent notamment l’Observatoire de la Flore et de la Végétation des Pays de la Loire.

Les informations collectées sont validées et intégrées au sein d’un Système d’informations, composé notamment des bases de données Calluna et CoLiBry. Ces informations permettent de prendre du recul sur le patrimoine naturel qui nous entoure à travers de multiples indicateurs. Près de 2,5 millions de données bibliographiques et de terrain sont mobilisées, sur une période courant de 1750 à nos jours. Cette connaissance est le fruit d’une dynamique collaborative qu’il convient de nourrir et de renforcer.

 



La Lindernie couchée (Lindernia procumbens (Krock.) Philcox), espèce redécouverte en 2021 en Maine-et-Loire,
n’avait pas été observée depuis plusieurs décennies dans l’Ouest de la France.
Elle fait partie du patrimoine végétal rare et menacé des Pays de la Loire. © Julien Geslin (CBN de Brest)

 

 


 

L’Adonis flamme (Adonis flammea Jacq.) est une espèce messicole, considérée en danger par la liste rouge régionale en Pays de la Loire.
© Julien Geslin (CBN de Brest)

 

 

Le Cynoglosse des dunes (Omphalodes littoralis Lehm. subsp. littoralis) est une espèce endémique française présente dans les milieux dunaires en Pays de la Loire.
© Thomas Bousquet (CBN de Brest)

 

La Saccogyne robuste (Saccogyna viticulosa (L.) Dumort.) est une hépatique très rare, présente dans uniquement deux communes en Pays de la Loire selon nos connaissances actuelles.
© Gaëtan Masson (CBN de Brest)

 

Cette prairie marécageuse, de l’association phytosociologique du Cirsio dissecti-Scorzoneretum humilis B. Foucault 1981,
se développe au sein de milieux humides,acides et pauvres en nutriments. Typique du bocage, ce type de prairie humide est aujourd’hui en voie de raréfaction.
© Guillaume Thomassin (CBN de Brest)

 

 

À télécharger

>> État de la flore et de la végétation en Pays de la Loire les chiffres-clés 2024

 

 

 

Le réseau des botanistes bénévoles contribue à l’actualisation des connaissances

 

Les Listes Rouges sont des outils servant à identifier et à classer les espèces en fonction de leur niveau de menace d'extinction. Elles offrent un panorama précis de la situation des espèces, mettant en lumière celles qui sont en danger d’extinction ou vulnérables. Ces listes sont de véritables leviers de sensibilisation, tant pour le grand public que pour les décideurs et constituent la base de mesures de protection pour les espèces et leurs habitats.

 

Ces listes rouges sont actualisées régulièrement pour tenir compte des tendances d’évolution et de l’amélioration des connaissances. En 2024, le CBN de Brest a ainsi engagé l’actualisation des listes rouges de la flore vasculaire pour la Bretagne et les Pays de la Loire, dix ans après la publication des premières listes rouges régionales. En Bretagne, l’actualisation de certaines données d’observation a été identifiée comme une étape préalable indispensable, de nombreuses stations d’espèces menacées n’ayant en effet pas été observées depuis la parution de la liste rouge en 2015.

 

Le CBN de Brest a relevé ce défi en mettant à contribution son réseau de bénévoles : à travers toute la Bretagne, 42 botanistes bénévoles se sont mobilisés pour aller vérifier la présence actuelle ou non des stations d’espèces menacées et leur état de conservation. Ce travail de recherches concernait les stations des 59 espèces les plus menacées de la liste actuelle (critères : CR*, CR et EN) non revues depuis 2018 ou avant.

 

A la fin de l’année 2024, les bénévoles avaient déjà fait parvenir 160 fiches de suivi au CBN. Parmi elles, 68 concernaient des stations encore présentes ou nouvellement découvertes, ce qui représente un peu moins de la moitié des fiches ! Un résultat remarquable qui démontre l’ampleur des recherches effectuées par nos bénévoles, surtout lorsqu’on considère que certaines données étaient anciennes et peu précises géographiquement.

 

Parmi les bonnes surprises, citons une station de Lactuca saligna à Rennes, retrouvée en 2024 qui n'avait pas été revue depuis 1987, une station de Dipsacus pilosus à Médréac, dont le dernier signalement datait de 1995, ou encore Astragalus glycyphyllos, disparu de certains sites à Bruz (espèce non revue depuis 1988), qui a finalement été retrouvé dans une nouvelle station. De même, Carex acutiformis a vu une belle part de ses stations retrouvées à travers la Bretagne tout comme Quercus pyrenaica et Trifolium ochroleucon.

 

Plus inquiétant, en revanche, les stations de certaines espèces n’ont pas été retrouvées malgré des recherches dans leurs anciennes localités. Il s’agit souvent d’espèces messicoles, comme Lysimachia foemina, Bromus arvensis ou encore Buglossoides arvensis.

 

Ces disparitions, qu’elles soient partielles ou totales, soulignent l'importance de réaliser une surveillance régulière, en particulier des espèces les plus menacées de notre territoire, afin de suivre de près leur évolution et de pouvoir intervenir rapidement en cas de baisse des effectifs ou de dégradation des stations.

Ce travail de recherches sur le terrain a été mené à 90% par le réseau de bénévoles et illustre l’engagement des botanistes bretons dans la connaissance et le suivi de la flore en Bretagne. Toutes les données récoltées seront mobilisées pour mettre à jour la liste rouge régionale. Un immense merci à tous pour votre implication dans la connaissance et la préservation de la flore bretonne !

Ce travail est fait conjointement avec l'antenne des Pays de la Loire dont la liste rouge sera actualisée au même moment.

 

>> En attendant la publication de la liste 2024, n'hésitez pas à consulter les listes des plantes menacées

 

Contacts : Emmanuel Quéré Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Pauline Guillaumeau Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


Photos : Bromus arvensis ; Buglossoides arvensis ; Lysimachia foemina © Thomas Bousquet (CB Normandie)