Le Panicaut vivipare figure parmi les plantes les plus rares et les plus menacées d'Europe ! En France, il vit aujourd'hui dans un seul site situé à Belz dans le Morbihan. Identifié comme une priorité par l'Etat, il fait l'objet d'un "Plan national d'actions", coordonné depuis 2013 par le Conservatoire botanique national de Brest, dont la réussite repose sur l'implication la plus large possible des acteurs locaux.
Contexte
Panicaut, Quézaco ?
Contrairement aux apparences et à son nom ambiguë, le Panicaut vivipare (Eryngium viviparum) n’est pas un chardon ! Il appartient à la famille des fleurs en ombelles (apiacées) et ne mesure pas plus de 15 cm. Son feuillage vert bleuâtre fait ressortir ses petites fleurs d’un joli bleu clair qui se développent en ombelles. C'est une plante typique des prairies inondées en hiver et sèches en été.
Une plante menacée d'extinction
Encore présent dans une quarantaine de sites du Pays d’Auray jusqu’au milieu du 20e siècle, le Panicaut vivipare ne survit plus que dans un seul site situé sur la commune de Belz. Il est rare et menacé dans l’ensemble de son aire, en plus de sa station morbihannaise, on recense une vingtaine de stations situées au Nord-Ouest de l’Espagne et au Portugal.
Les raisons sa raréfaction en Bretagne sont multiples : abandon des pratiques agricoles traditionnelles (pâturage, étrépage), artificialisation des sols (urbanisation, creusement de plans d'eau).
C'est grâce au pâturage par un troupeau de vaches Bretonne pie noir qu'il a pu se maintenir à Belz.
Suite à l’arrêt de l’exploitation agricole du site dans les années 1980, l’association Bretagne vivante a repris la gestion du site abritant la dernière population morbihannaise. Cette action de conservation permet aujourd’hui, après plusieurs années de fluctuations du nombre d’individus, d’observer une augmentation de sa population, comptant un peu plus de 10000 individus (estimation 2016) repartis sur moins de 1000 m².
Le Plan national d'actions (PNA) en faveur du Panicaut vivipare, validé par le ministère en charge de l'Environnement et le Conseil national pour la protection de la nature, dresse alors un état des lieux des connaissances pour la France et propose un certain nombre d’actions pour sauvegarder l’espèce et son milieu de vie et renforcer sa population. Il prolonge et renforce des actions portées depuis les années 1980 par Bretagne vivante, le Conservatoire botanique, les opérateurs Natura 2000, le Département du Morbihan et la Région Bretagne, sur le site de Belz et d’autres sites potentiels pour l’espèce.
Objectifs
Préserver
- Conforter durablement le site de Belz : élargir le site en y intégrant les landes présentes à proximité, mettre en place une gestion et une protection durable de cet ensemble naturel
- Créer un réseau de sites refuges pour que la population française du Panicaut vivipare ne se limite plus à une seule station : restaurer les zones humides favorables en se basant sur le réseau des sites historiques et réintroduire l'espèce dans certains de ces sites
Etudier
- Améliorer les connaissances sur le contexte écologique de la station actuelle et des stations historiques
- Comparer les populations de Belz aux populations ibériques : écologie, morphologie, génétique
- Etudier sa biologie de reproduction
Informer et sensibiliser
- Auprès du grand public et des acteurs territoriaux : réunions d'information, sorties nature, communiqués de presse...
- Auprès des spécialistes : colloques scientifiques, articles scientifiques...
2 films à visionner
N°1 "Histoire végétale : le Panicaut vivipare (Eryngium viviparum)"
Un petit film pour découvrir en 2 minutes l'histoire de cette plante originale
N°2 "Regards d'acteurs : la préservation du Panicaut vivipare (Eryngium viviparum)"
Un film de 8 minutes qui donne la parole aux acteurs qui oeuvrent pour la préservation de cette espèce rare.
Il explique les techniques et les méthodes scientifiques déployées dans le cadre du Plan national d'actions.
4 posters scientifiques
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"Amélioration des connaissances sur la biologie et l’écologie du Panicaut vivipare (Eryngium viviparum) en vue de sa conservation et de sa réintroduction" présenté lors du Colloque Rever en 2015 à Strasbourg par Rascle P., Bioret F., Gallet S., Glemarec E., Guillevic Y., & Magnanon S.
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"Improving knowledge of the biology and ecology of Eryngium viviparum for its conservation and reintroduction Eryngium viviparum : distribution, habitat, conservation status" présenté lors du 6th world conference on Ecological restoration en 2015 à Manchester. S par Rascle P., Bioret F., Gallet S., Glemarec E., Guillevic Y., & Magnanon S.
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"Expérimentations de réintroduction d’Eryngium viviparum (J.Gay) dans le Morbihan" présenté lors d'ECOVEG12 en 2016 à Brest par Rascle P., Bioret F., Gallet S., Gautier C., Glemarec E., Guillevic Y, Magnanon S.
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"Genetic consequences of long-term isolation for the last french population of Eryngium viviparum, and implications for conservation" présenté lors de SFEcology en 2016 à Marseille par Rascle P, Flaven E., Bioret F., Gallet S., Glemarec E., Magnanon S., Roussel V., Imbert E.
Illustrations à votre disposition
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Résultats
Le bilan des 6 années met en avant :
- Un réseau d'acteurs impliqués et une gouvernance multi-partenariale réussie.
- Une avancée sur la connaissance de l'espèce et des protocoles d'études.
- Un travail de multiplication de plants et récolte de graines maitrisé, un travail sur les herbiers à poursuivre.
- Des pratiques de gestion améliorées mais une conservation de l'espèce sur site à l'état sauvage qui reste fragile.
- Des tests de réintroduction sur des sites expérimentaux qui laissent présager un maintien durable.
- Une espèce de plus en plus connue des passionnés de nature, des botanistes, des élus et du grand public.
Quelles sont les suites attendues ?
Le Conservatoire botanique a été missionné par le ministère de la Transition écologique et solidaire pour proposer en 2020 un deuxième Plan national d'actions avec pour objectif principal de consolider le réseau d'acteurs.
Il s'agira également de trouver les bonnes conditions pour assurer la gestion durable de la station historique de Belz et des sites refuge ayant fait l'objet d'expérimentations de réintroduction.
En parallèle, les actions sur le terrain se poursuivront : suivi des populations, gestion des sites, multiplication de plants, sensibilisation des publics…
Partenaires
- Bretagne vivante
- Ministère de la Transition écologique et solidaire
- Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Bretagne
- Agence de l'eau Loire Bretagne
- Conseil départemental du Morbihan
- L'Arche aux plantes
- Syndicat mixte de la Ria d’Etel
- Commune de Belz
- Pierrick le Hen, éleveur
- Université de Bretagne Occidentale - Laboratoire EA Géoarchitecture - TUBE
- Université de Montpellier - Laboratoire ISEM
- SIVU Grand Site Gâvres-Quiberon
- Alignement de Carnac - Centre des monuments nationaux
- Conseil régional de Bretagne
- Pays d’Auray
- Commune de Ploemel
- Commune de Carnac
- Commune de Plouharnel
- IBADER - Instituto de Biodiversidade Agraria e Desenvolvemento Rural (Saint-Jacques-de-Compostelle)
Contact
Erwan Glemarec
Chargé d'études flore et habitats
Conservatoire botanique national de Brest
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En savoir plus
Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare 2012-2017
Bilan du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare 2014-2018
Bilan 2019 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
Bilan 2018 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
Bilan 2017 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
Bilan 2016 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
Bilan 2015 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
Bilan 2014 du Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare