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Cet été, lors d'une sortie botanique en Sarthe organisée par le Conservatoire botanique, les participants ont pu reconnaître 240 plantes différentes dont 65 nouvelles pour la commune de Malicorne et 30 nouvelles pour la commune proche de Dureil. Le trésor découvert lors de la sortie est sans nul doute l'Avoine de Thore qui n'avait pas été revue en Pays de la Loire depuis 1979 !

L'Avoine de Thore, plante présumée disparue des Pays de la Loire

Lors de la sortie botanique, l'attention des botanistes est attirée par une graminée très robuste, en touffes larges, qui longe le chemin de berge sur environ 400 mètres. Ses feuilles sont très velues ainsi que les longs chaumes desséchés laissant encore voir les panicules étroites, ces dernières évoquant l'Avoine élevé (Arrhenatherum elatius).

Fabien Dortel, organisateur de la sortie et responsable régional du réseau des observateurs en Pays de la Loire, pense immédiatement à l'Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium), ce qui a été confirmé par l'examen de l'échantillon.

Cette espèce atlantique des landes sur sols acides et moyennement humides est relativement courante dans le sud-ouest de la France. Sur notre territoire d'intervention, elle est encore présente localement en Bretagne et en Manche, mais elle était considérée comme disparue des Pays de la Loire où la dernière station connue, près de Bourneau en Vendée, a été détruite fin des années 1970. Cette grosse population nouvellement découverte est actuellement la seule connue dans la région et la première mention pour le département de la Sarthe.

Botanistes locaux, soyez donc vigilants car les milieux qu'elle peut occuper sont assez fréquents en Sarthe. 

Les autres plantes observées lors de la sortie

  • Aux environs du Château de Malicorne, le long de la Frênaie/ormaie à Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia) : Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), Cucubale à baies (Cucubalus baccifer), Groseiller rouge (Ribes rubrum), Ronce bleue (Rubus caesius), Prunier crèque (Prunus domestica subsp. insititia) avec ses rameaux velus et ses grosses prunelles au goût plus sucré et moins âpre que le Prunellier (Prunus spinosa).
  • Sur les bords de la Sarthe , plusieurs espèces liées aux phragmitaies et mégaphorbiaies, mais aussi aux gazons amphibies annuels à Bidens et une végétation aquatique relativement riche : Faux-riz (Leersia oryzoides), Céraiste aquatique (Myosoton aquaticum), Myosotis des marais (Myosotis scorpioides), Bidents (Bidens tripartita, frondosa et cernua), Rubaniers (Sparganium erectum et emersum), Myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum), Potamot noueux (Potamogeton nodosus), Grenouillette (Hydrocharis morsus-ranae), Petite berle (Berula erecta)...
  • Vers le Bois des fraisiers : Hélianthème à gouttes (Tuberaria guttata), et plus intéressant, Cotonnière française (Logfia gallica), près d'un tas de bois. Cette espèce est trouvée en Sarthe essentiellement dans l'écharpe cénomanienne qui traverse la Sarthe du sud-ouest au nord-est.
  • Sur les étangs avec notamment les plantes de grèves exondées comme la Littorelle (Littorella uniflora), espèce protégée, ou le Scirpe à inflorescences ovoïdes (Eleocharis ovata).
  • Et la liste est bien longue : Hieracium umbellatum, Quercus pyrenaica, Deschampsia flexuosa, Carex pendula, Agrostis canina, Molinia caerulea, Hydrocotyle vulgaris, Ranunculus flammula, Lycopus europaeus, Mentha aquatica, Iris pseudacorus, Polygonum amphibium (Persicaria amphibia), Galium palustre, Juncus bulbosus, Ludwigia palustris, Alopecurus aequalis, Bidens tripartita, Rorippa amphibia, Echinochloa crus-gallii, Amaranthus blitum subsp. emarginatus, Elatine hexandra, Najas marina, Chenopodium rubrum, Solanum nigrum, Digitaria sanguinalis, Panicum dichotomiflorum, Setaria pumila, Chenopodium (=Chenopodiastrum) hybridum et murale, Amaranthus hybridus subsp. bouchonii, Hypericum elodes, Hydrocotyle vulgaris, Ludwigia palustris, Scirpus (=eleogiton) fluitans, Juncus bulbosus, Agrostis canina, Potamogeton natans et polygonifolius, Dryopteris carthusiana, Eleocharis multicaulis, Baldellia repens, Erica ciliaris, Calluna vulgaris, Ulex minor, Erica tetralix, Scuttelaria minor, Sedum cepaea, Fallopia dumetorum, Setaria verticillata...

Contact

Fabien Dortel
Chargé d'études flore et responsable régional du réseau de botanistes correspondants 
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
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Mikajy signifie en malgache "s'occuper de " car ce nouveau centre écotouristique portera des missions environnementales, scientifiques et sociales. Il est pensé comme un système complet et intégré, souhaité par le gestionnaire de l'aire protégée de la Montagne des Français à Madagascar en collaboration avec le Conservatoire botanique. Les travaux ont démarré en juin 2020.

Contexte

Présent depuis 2012 auprès du Service d’appui à la gestion de l’environnement (SAGE), gestionnaire de la nouvelle aire protégée Ambohitr’Antsingy Montagne des Français, le Conservatoire botanique poursuit son travail de connaissance et de préservation de la biodiversité sur ce territoire. Ce travail repose sur l'idée que la conservation du patrimoine naturel de ce territoire passe par l'implication des populations et par le développement de perspectives économiques et sociales. C'est pourquoi, en 2019, le Conservatoire a souhaité s'impliquer davantage en accompagnant le SAGE et les communautés locales sur la création d'un équipement dédié à l'écotourisme, à l'environnement, aux recherches scientifiques et aux actions sociales. Ce projet s'étale sur trois ans.

Objectifs du Centre Mikajy

  • Accueillir le public au sein d’un lieu de rencontre et de repos : touristes, locaux, écoliers malgaches
  • Sensibiliser à la conservation des richesses de l’aire protégée grâce à une muséographie simple
  • Produire des plantes locales, mener des activités de restauration forestière, lutter contre les plantes invasives, sensibiliser les communautés
  • Accueillir des équipes de naturalistes
  • Améliorer les conditions de vie des communautés villageoises

Chaque volet de programme sera pris en charge par divers partenaires techniques et financiers. Cette année, avec l'appui financier de la marque Yves Rocher, du Département du Finistère et de l'Arche aux plantes, c'est le volet écotourisme qui est mis en oeuvre.

Premières réalisations

Après de multiples échanges avec les villageois et le chef du Fokontany, sur les missions du centre, son emplacement et l'inclusion des habitants, la construction a pu démarrer en juin.

Le centre se compose d'un bâtiment d'accueil, de sanitaires et d'un espace de repos.

      

  • L'accueil de 15 m² proposera des photos et des panneaux explicatifs sur la richesse de l'aire protégée, ses menaces et sa conservation. Les femmes d'Andavakoera pourront aussi y vendre un peu d'artisanat (paniers, nattes, bijoux), des légumes, des fruits et du miel. Quelques hommes seront formés pour guider les touristes dans la forêt et leur permettre d'aller à la rencontre des lémuriens, des orchidées et des baobabs géants.
  • Le bloc sanitaire comprend 2 wc et une citerne de stockage d'eau de pluie.
  • L'espace de repos est composé d'une table circulaire en béton installée autour du tronc d'un grand manguier et 4 bancs toujours en béton viennent compléter l'espace. Le choix du béton n'est pas anodin car malgré l'impact écologique et visuel de cette matière, c'est la seule suffisamment solide pour éviter les dégradations et le vol de matériaux.

L'ensemble est construit à l'entrée de l'aire protégée, près d'une rivière, à l'ombre. Un jardin de plantes médicinales malgaches sera planté cet hiver avec des étiquettes stipulant le nom et l'utilisation pour chaque plante. De la même façon, quelques plantes locales seront mises en avant. Ce jardin sera développé en partenariat avec l'association Jardins du monde. C'est elle qui sera chargée de former les villageois volontaires à l'utilisation de ces plantes médicinales.

Nous espérons que nos partenariats avec nos financeurs perdureront l'année prochaine pour continuer à étoffer cet espace à multiples facettes, toutes complémentaires, pour une restauration de paysages forestiers optimale.

Contact

Delphine Cabanis
Technicienne de conservation
Actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
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Partenaires financiers

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Dans le cadre du projet de création d'un Conservatoire botanique national de Normandie, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), en collaboration avec la Région Normandie lance un marché en vue de s'attacher les services d'un Assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO) pour les aider à formaliser les conditions et les étapes de la transition vers cet établissement.

Le travail sera réalisé sur une période d'un an maximum et impliquera de manière étroite les Conservatoires botaniques nationaux de Brest et de Bailleul, actuellement compétents sur ce territoire.

Contexte

Le récent découpage régional a entraîné une cogestion en Normandie entre le Conservatoire de Brest (en charge de la Basse-Normandie) et le Conservatoire de Bailleul (en charge de la Haute-Normandie) pour mener leurs missions de connaissance et de conservation du végétal sauvage sur le territoire normand. Cette cogestion ne peut pas être assurée sur le long terme.

Depuis novembre 2019, ils sont engagés avec la Région Normandie et le ministère en charge de l'Environnement pour la création d'un Conservatoire botanique national normand qui répond aux recommandations du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) ayant réalisé un audit des Conservatoires botaniques nationaux.

Il s'agit donc de créer un établissement régional agréé Conservatoire botanique national pour l'ensemble de la Normandie. Pour cela, une étude prospective (organisation, gouvernance, ressources humaines et financières…) d’assistance à maîtrise d’ouvrage est confiée à un prestataire spécialisé.

Avis d'appel à la concurrence

  • Caractéristiques principales : assistance sur les questions juridiques, techniques, comptables et sociales liées à la création par régionalisation d’un Conservatoire botanique national de Normandie. Le marché n’est pas décomposé en tranche ni alloti.
  • Quantité ou étendue des prestations : la prestation est décomposée en 3 phases : 1. élaboration des scénarios et proposition d’un ou plusieurs scénarios préférentiels, 2. échanges avec les partenaires potentiels et choix d’un scénario, 3.définition des modalités juridiques, techniques et humaines de mise en œuvre du scénario choisi.
  • Date et heure limites de remise des offres : vendredi 16 octobre 2020 à 10h.

 

Contact

Bruno Dumeige
Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Normandie
Service Ressources Naturelles – Bureau de la biodiversité et des espaces naturels
02 50 01 84 18
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A lire aussi

 

 

Fabien Dortel, agent du Conservatoire botanique, a fait une découverte surprenante fin août en Vendée : une plante issue d'un croisement naturel entre le Néflier et l'Aubépine monogyne extrêmement rare en France.

C'est à Fougeré en Vendée, au début du chemin creux qui descend vers le ruisseau de Noailles entre Beaupuy et la Gâtelinière, que cette nouvelle plante pour le département a été découverte. Fabien était en mission d'inventaire dans cette commune déficitaire en observations botaniques.

Un hybride très rare en France

La plante observée est un hybride, rarissime en nature, entre le Néflier et l'Aubépine monogyne. Son nom latin est Crataegus x gillotii, elle s'appelait auparavant xCrataegomespilus gillotii.

Un seul individu a été compté. Il pousse à proximité de ses parents et en possède des caractères intermédiaires, notamment : feuilles de la taille de celles du Néflier, velues comme lui, mais lobées comme l'Aubépine.

Décrit par Gillot en 1876 à partir d'un arbuste observé près d'Autun en 1875, cet hybride n'a fait l'objet que de quelques signalements, toujours en Bourgogne, jusqu'à l'orée du 20e siècle.

Des citations anciennes sont peut-être plutôt à rapporter à des chimères obtenues par greffage qui possèdent des feuilles des deux espèces (on greffait autrefois le Néflier sur l'Aubépine pour cultiver la nèfle dans les régions calcaires) : elles n'ont rien à voir avec l'hybride naturel obtenu par la reproduction croisée des deux espèces, qui semble beaucoup plus rare et fait l'objet de cette observation.

Il s'agit en fin de compte de la première citation de cet hybride dans l'Ouest de la France, soit sur les 12 départements d'intervention du Conservatoire: Calvados, Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Manche, Mayenne, Morbihan, Orne, Sarthe et Vendée.

Contact

Fabien Dortel
Chargé d'études flore et responsable régional du réseau de botanistes correspondants 
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
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Un évènement récent et tragique survenu durant l'été vient nous rappeler l'extrême fragilité de la nature mauricienne et des actions de préservation menées dans un contexte global difficile.

Le récent échouage du vraquier Wakashio, le 25 juillet dernier à un mile de la côte sud-est de l'île, a provoqué, treize jours plus tard, une grave marée noire, soit environ 1000 tonnes d'hydrocarbures déversées essentiellement dans la Baie de Mahébourg, recouvrant son lagon, ses mangroves, ses plages, ses côtes rocheuses... Ce funeste scénario s'est déroulé devant l'un des joyaux du tourisme écologique mauricien, l'île aux Aigrettes, une des plus intéressantes réserves naturelles de l'archipel où le Conservatoire botanique national de Brest travaille depuis quatre ans à réhabiliter la forêt, à réintroduire des espèces disparues, à développer sa pépinière de restauration avec le soutien de ses partenaires locaux. 
 


L'impact de ce naufrage est immédiat sur les colonies d'oiseaux nicheurs présents sur l'île et selon Vincent Florens de l'Université de Maurice : "la faune et la flore intertidales souffriront au moins un à deux ans pour les plages, deux à cinq ans pour les zones rocheuses et beaucoup plus pour les mangroves, des décennies". Outre les impacts immédiats sur les oiseaux, les mammifères marins et les risques d'incendies, de grands déséquilibres écologiques sont à craindre à plus long terme jusqu'à la perte pure et simple d'habitats naturels.

C'est aussi un coup dur porté au tourisme, principale économie de l'île. Le spectre de cette marée noire, même limitée géographiquement, risque de planer encore longtemps dans les esprits et de décourager les visiteurs. Pour réhabiliter sa réputation et le fonctionnement écologique de la zone concernée, il faudra redoubler d'efforts pour sa conservation, en réparant non seulement les dégâts présents mais aussi les impacts des autres menaces qui ont dégradé la biodiversité de Maurice bien avant cette marée noire. Surpêche, destructions des marécages côtiers, absence de politique d'aménagement du territoire à la hauteur des enjeux, les causes de dégradation sont nombreuses et souvent anciennes.

Ce triste évènement a pourtant révélé l'attachement sincère des mauriciens à leur environnement et déclenché un vaste mouvement spontané et populaire en réaction à cette atteinte au patrimoine naturel et à l'identité insulaire, et plusieurs vagues d'indignation de dizaines de milliers de manifestants révoltés par "le peu de cas que leur gouvernement porte dans son ensemble à son environnement et sa biodiversité en général". Cette réaction est salutaire et pleine d'espoir mais cela suffira-t-il à infléchir la tendance ?
 

A savoir • Le Conservatoire botanique national de Brest est engagé depuis 2011 dans la sauvegarde de l'extraordinaire biodiversité végétale des îles Maurice et Rodrigues, aux côtés de ses nombreux partenaires mauriciens : National Parks and Conservation Services, Forestry Services, Mauritian Wildlife Foundation et autres ONG. Ces collaborations ont permis le rapprochement de ces structures, l'échanges de savoirs faires et d'expériences, la mise en place d'outils de conservation et de plans de sauvetage et de réhabilitation de dizaines d'espèces au bord de l'extinction sur l'archipel... 

 

A lire

Contact

Stéphane Buord
Directeur scientifique
Actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
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