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Le Sélin de Brotéro vit en France uniquement en Bretagne. L’élaboration d’un premier plan de conservation en 2001 n’a pas permis de stopper la régression de l’espèce. Plusieurs stations se trouvent aujourd’hui dans un état de conservation défavorable. En 2020, le Conservatoire botanique réalise un nouvel état des lieux. Objectif : actualiser le plan d’actions pour cette espèce emblématique de la flore bretonne.

Quelle est donc cette plante ?

Le Sélin de Brotéro (Selinum broteri) est une plante de la famille des Apiacées, appelées couramment Ombellifères. A première vue, il ressemble à la Carotte sauvage, notamment par les feuilles de sa base, très découpées. Contrairement aux feuilles de la Carotte, les feuilles du Sélin de Brotéro ne sont pas ou seulement peu poilues. Ses fleurs blanches à rosées forment une ombelle à rayons inégaux à la têtre de tiges mesurant 30 à 80 cm. Elles s’épanouissent en été.

Il représente un très fort enjeu de conservation puisqu'on ne l'observe dans le monde qu'en Bretagne et dans le nord de la péninsule ibérique. Il fait ainsi partie des plantes à répartition ibéro-armoricaine.

Sa découverte en France est relativement récente puisque jusque dans les années 1980 il était confondu avec une autre plante proche morphologiquement : le Sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), à plus large répartition européenne. Le Sélin de Brotéro a été découvert en Bretagne par Gabriel Rivière, botaniste morbihannais, à la fin des années 1980. Depuis, il a été observé dans 26 communes bretonnes, situées essentiellement dans le Morbihan.

Le Sélin de Brotéro se développe essentiellement au sein de prairies sèches et sur les pentes herbacées bordant les grands cours d'eau (Oust, Blavet, Aulne notamment).

Répartition • Découvrez la répartition du Sélin de Brotéro sur eCalluna, l'application web du Conservatoire pour connaître la répartition des plantes sauvages dans l'Ouest de la France

 

Un plan d'action à actualiser

Un plan d'action en faveur de cette plante rare a été établi en 2001, visant notamment à améliorer l'information et la sensibilisation autour de cette espèce et établir des itinéraires de gestion adaptés au maintien de ses stations.

Le constat 20 ans après : la mise en œuvre des actions s’est heurtée à un manque de relais pour la gestion des stations et la sensibilisation des acteurs. Les prospections réalisées en 2020 par Gaëtan Masson du Conservatoire botanique et des membres du réseau des botanistes correspondants, dont Gabriel Rivière, confirment la régression de l’espèce. Plusieurs localités ont disparu et d’autres présentent un état de conservation défavorable. Les principales causes semblent être :

  • la fermeture de la végétation par les ronces ou la Fougère aigle par exemple,
  • des modes de gestion défavorables (dates de fauche non adaptées),
  • la destruction des stations par la réalisation de travaux d'aménagement ou le retournement de prairies.

La synthèse et l’analyse des observations faites en 2020 permettront d’affiner les connaissances sur l’habitat optimal du Sélin de Brotéro et de proposer de nouvelles mesures de gestion. Un enjeu majeur sera la co-construction du plan d’actions avec des gestionnaires d’espaces naturels (collectivités, agriculteurs…) pour s’assurer de leur appui lors de la phase de mise en œuvre.

Le service Voies navigables de la Région Bretagne, gestionnaire des canaux et de leurs abords, est déjà identifié comme un partenaire important des actions à venir. Plusieurs stations se situent en effet sur des terrains gérés par ce service. 

> A lire • Procurez-vous le numéro 34 de la revue E.R.I.C.A. dans lequel se trouve l'article Connaissance et conservation de la flore et des habitats des voies navigables bretonnes.

Contact

Gaëtan Masson
Chargé d'études flore et habitats
Antenne Bretagne
Conservatoire botanique national de Brest
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Julien Geslin, responsable départemental du réseau des correspondants du Conservatoire botanique pour le Maine-et-Loire, nous fait part de belles découvertes pour cette année : des plantes qui n'avaient pas été revues depuis plus de 50 ans dans le département ! En cette année particulière, les sorties botaniques se sont faites plus rares alors les bonnes nouvelles comme celle-ci sont encourageantes.

Cotonnière jaunâtre © Julien Geslin (CBN de Brest)

  • Le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus) : une plante des pelouses humides de la famille des Poacées, qu'on appelait Graminées. Elle tient son nom de ses tiges bulbeuses à la base. Elle a été redécouverte à Saint-Philbert-du-Peuple. Elle était autrefois signalée dans plus d'une quinzaine de communes du département.
    > Découvrir sa répartition sur eCalluna
  • La Cotonnière jaunâtre (Filago lutescens) : une plante de la famille des Astéracées, au feutrage blanc, qui pousse sur des pelouses à roches siliceuses. Elle fleurit de juillet à septembre. Ses fleurs jaunes sont regroupées en capitule. Elle a été redécouverte à Bain-sur-l'Authion et Saint-Philbert-du-Peuple.
  • > Découvrir sa répartition sur eCalluna
  • L'Elatine fausse-alsine (Elatine alsinastrum) : une petite plante amphibie, rare et menacée dans l'Ouest de la France, redécouverte à Bauné. Elle vit essentiellement en bord d'étangs ou de marais.
    > Découvrir sa répartition sur eCalluna
  • La Campanule à petites fleurs (Campanula erinus) : une plante rare et menacée en Pays de la Loire de la famille des Campanulacées. Ses fleurs minuscules sont solitaires ou en cymes, de couleur blanche ou bleue.
    > Découvrir sa répartition sur eCalluna

Merci à tous pour vos contributions à la meilleure connaissance et préservation des plantes sauvages du Maine-et-Loire !

> A savoir • Le bilan des découvertes de Maine-et-Loire et des 11 autres départements d'intervention du Conservatoire botanique sera à lire dans le prochain numéro d'E.R.I.C.A., à paraître au printemps 2021.

Contact

Julien Geslin
Responsable Maine-et-Loire du réseau des correspondant.e.s
Référent interrégional flore
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
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Cet été, lors d'une sortie botanique en Sarthe organisée par le Conservatoire botanique, les participants ont pu reconnaître 240 plantes différentes dont 65 nouvelles pour la commune de Malicorne et 30 nouvelles pour la commune proche de Dureil. Le trésor découvert lors de la sortie est sans nul doute l'Avoine de Thore qui n'avait pas été revue en Pays de la Loire depuis 1979 !

L'Avoine de Thore, plante présumée disparue des Pays de la Loire

Lors de la sortie botanique, l'attention des botanistes est attirée par une graminée très robuste, en touffes larges, qui longe le chemin de berge sur environ 400 mètres. Ses feuilles sont très velues ainsi que les longs chaumes desséchés laissant encore voir les panicules étroites, ces dernières évoquant l'Avoine élevé (Arrhenatherum elatius).

Fabien Dortel, organisateur de la sortie et responsable régional du réseau des observateurs en Pays de la Loire, pense immédiatement à l'Avoine de Thore (Pseudarrhenatherum longifolium), ce qui a été confirmé par l'examen de l'échantillon.

Cette espèce atlantique des landes sur sols acides et moyennement humides est relativement courante dans le sud-ouest de la France. Sur notre territoire d'intervention, elle est encore présente localement en Bretagne et en Manche, mais elle était considérée comme disparue des Pays de la Loire où la dernière station connue, près de Bourneau en Vendée, a été détruite fin des années 1970. Cette grosse population nouvellement découverte est actuellement la seule connue dans la région et la première mention pour le département de la Sarthe.

Botanistes locaux, soyez donc vigilants car les milieux qu'elle peut occuper sont assez fréquents en Sarthe. 

Les autres plantes observées lors de la sortie

  • Aux environs du Château de Malicorne, le long de la Frênaie/ormaie à Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia) : Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), Cucubale à baies (Cucubalus baccifer), Groseiller rouge (Ribes rubrum), Ronce bleue (Rubus caesius), Prunier crèque (Prunus domestica subsp. insititia) avec ses rameaux velus et ses grosses prunelles au goût plus sucré et moins âpre que le Prunellier (Prunus spinosa).
  • Sur les bords de la Sarthe , plusieurs espèces liées aux phragmitaies et mégaphorbiaies, mais aussi aux gazons amphibies annuels à Bidens et une végétation aquatique relativement riche : Faux-riz (Leersia oryzoides), Céraiste aquatique (Myosoton aquaticum), Myosotis des marais (Myosotis scorpioides), Bidents (Bidens tripartita, frondosa et cernua), Rubaniers (Sparganium erectum et emersum), Myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum), Potamot noueux (Potamogeton nodosus), Grenouillette (Hydrocharis morsus-ranae), Petite berle (Berula erecta)...
  • Vers le Bois des fraisiers : Hélianthème à gouttes (Tuberaria guttata), et plus intéressant, Cotonnière française (Logfia gallica), près d'un tas de bois. Cette espèce est trouvée en Sarthe essentiellement dans l'écharpe cénomanienne qui traverse la Sarthe du sud-ouest au nord-est.
  • Sur les étangs avec notamment les plantes de grèves exondées comme la Littorelle (Littorella uniflora), espèce protégée, ou le Scirpe à inflorescences ovoïdes (Eleocharis ovata).
  • Et la liste est bien longue : Hieracium umbellatum, Quercus pyrenaica, Deschampsia flexuosa, Carex pendula, Agrostis canina, Molinia caerulea, Hydrocotyle vulgaris, Ranunculus flammula, Lycopus europaeus, Mentha aquatica, Iris pseudacorus, Polygonum amphibium (Persicaria amphibia), Galium palustre, Juncus bulbosus, Ludwigia palustris, Alopecurus aequalis, Bidens tripartita, Rorippa amphibia, Echinochloa crus-gallii, Amaranthus blitum subsp. emarginatus, Elatine hexandra, Najas marina, Chenopodium rubrum, Solanum nigrum, Digitaria sanguinalis, Panicum dichotomiflorum, Setaria pumila, Chenopodium (=Chenopodiastrum) hybridum et murale, Amaranthus hybridus subsp. bouchonii, Hypericum elodes, Hydrocotyle vulgaris, Ludwigia palustris, Scirpus (=eleogiton) fluitans, Juncus bulbosus, Agrostis canina, Potamogeton natans et polygonifolius, Dryopteris carthusiana, Eleocharis multicaulis, Baldellia repens, Erica ciliaris, Calluna vulgaris, Ulex minor, Erica tetralix, Scuttelaria minor, Sedum cepaea, Fallopia dumetorum, Setaria verticillata...

Contact

Fabien Dortel
Chargé d'études flore et responsable régional du réseau de botanistes correspondants 
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
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Liens associés

Vous êtes correspondant.e.s du Conservatoire botanique ? Voici 5 sorties botaniques proposées cet automne.

COVID-19 • Les sorties botaniques sont limitées à 10 personnes. Toutes les sorties se font sur inscription auprès de chaque organisateur.

 

Le programme d'automne 2020

Côtes-d'Armor

  • 17 octobre / Languédias / Herborisation autour de l’étang de Beaulieu 
    Rdv à 9h45 devant l'église de Languédias à la recherche d’Elatine macropoda, Potamogeton obtusifolius, Rumex maritimus
    Prévoir les bottes et le pique-nique
    Inscription : Colette Gautier (responsable départementale bénévole) à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou 06 10 77 93 95

Ille-et-Vilaine

  • 3 octobre / Prospections sur les rives exondées d’un étang à Coleanthus subtilis
    Heure et lieu de rendez-vous donnés à l'inscription
    Prévoir les bottes et le pique-nique
    Inscription : Conservatoire botanique (Emmanuel Quéré) à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou 02 98 41 88 95

Maine-et-Loire

  • 10 octobre / Sortie sur les sables de la Loire à Saint-Rémy-La-Varenne sur l'île Buisson
    Rdv à 14h15 sur le parking de la Riviera (guinguette située à l'entrée du pont de Saint-Mathurin)
    Inscription : en coordination avec la SESA, Anjou bota à https://www.tela-botanica.org/projets/anjou-bota/
  • 12 décembre / Arboretum d'Angers (local de la SESA) / Présentation et consultation de l’herbier FrancoSuisse-Belge et autres herbiers de l’arboretum
    A préciser
    Inscription : Anjou bota à https://www.tela-botanica.org/projets/anjou-bota/

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Article sur le réseau des correspondant.e.s bénévoles du Conservatoire

Mikajy signifie en malgache "s'occuper de " car ce nouveau centre écotouristique portera des missions environnementales, scientifiques et sociales. Il est pensé comme un système complet et intégré, souhaité par le gestionnaire de l'aire protégée de la Montagne des Français à Madagascar en collaboration avec le Conservatoire botanique. Les travaux ont démarré en juin 2020.

Contexte

Présent depuis 2012 auprès du Service d’appui à la gestion de l’environnement (SAGE), gestionnaire de la nouvelle aire protégée Ambohitr’Antsingy Montagne des Français, le Conservatoire botanique poursuit son travail de connaissance et de préservation de la biodiversité sur ce territoire. Ce travail repose sur l'idée que la conservation du patrimoine naturel de ce territoire passe par l'implication des populations et par le développement de perspectives économiques et sociales. C'est pourquoi, en 2019, le Conservatoire a souhaité s'impliquer davantage en accompagnant le SAGE et les communautés locales sur la création d'un équipement dédié à l'écotourisme, à l'environnement, aux recherches scientifiques et aux actions sociales. Ce projet s'étale sur trois ans.

Objectifs du Centre Mikajy

  • Accueillir le public au sein d’un lieu de rencontre et de repos : touristes, locaux, écoliers malgaches
  • Sensibiliser à la conservation des richesses de l’aire protégée grâce à une muséographie simple
  • Produire des plantes locales, mener des activités de restauration forestière, lutter contre les plantes invasives, sensibiliser les communautés
  • Accueillir des équipes de naturalistes
  • Améliorer les conditions de vie des communautés villageoises

Chaque volet de programme sera pris en charge par divers partenaires techniques et financiers. Cette année, avec l'appui financier de la marque Yves Rocher, du Département du Finistère et de l'Arche aux plantes, c'est le volet écotourisme qui est mis en oeuvre.

Premières réalisations

Après de multiples échanges avec les villageois et le chef du Fokontany, sur les missions du centre, son emplacement et l'inclusion des habitants, la construction a pu démarrer en juin.

Le centre se compose d'un bâtiment d'accueil, de sanitaires et d'un espace de repos.

      

  • L'accueil de 15 m² proposera des photos et des panneaux explicatifs sur la richesse de l'aire protégée, ses menaces et sa conservation. Les femmes d'Andavakoera pourront aussi y vendre un peu d'artisanat (paniers, nattes, bijoux), des légumes, des fruits et du miel. Quelques hommes seront formés pour guider les touristes dans la forêt et leur permettre d'aller à la rencontre des lémuriens, des orchidées et des baobabs géants.
  • Le bloc sanitaire comprend 2 wc et une citerne de stockage d'eau de pluie.
  • L'espace de repos est composé d'une table circulaire en béton installée autour du tronc d'un grand manguier et 4 bancs toujours en béton viennent compléter l'espace. Le choix du béton n'est pas anodin car malgré l'impact écologique et visuel de cette matière, c'est la seule suffisamment solide pour éviter les dégradations et le vol de matériaux.

L'ensemble est construit à l'entrée de l'aire protégée, près d'une rivière, à l'ombre. Un jardin de plantes médicinales malgaches sera planté cet hiver avec des étiquettes stipulant le nom et l'utilisation pour chaque plante. De la même façon, quelques plantes locales seront mises en avant. Ce jardin sera développé en partenariat avec l'association Jardins du monde. C'est elle qui sera chargée de former les villageois volontaires à l'utilisation de ces plantes médicinales.

Nous espérons que nos partenariats avec nos financeurs perdureront l'année prochaine pour continuer à étoffer cet espace à multiples facettes, toutes complémentaires, pour une restauration de paysages forestiers optimale.

Contact

Delphine Cabanis
Technicienne de conservation
Actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
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Partenaires financiers

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