Depuis 2012, le Conservatoire botanique participe à la connaissance et à la préservation de la flore de la Montagne des Français à Madagascar. Il collabore avec SAGE, le gestionnaire de cette aire protégée, pour faire émerger des compétences locales et développer des pépinières dédiées à la reforestation.
Contexte
Madagascar figure parmi les principaux hotspots de la biodiversité mondiale. Ce pays possède un fort taux d'endémisme (près de 90%), tant animal que végétal, et est considéré comme une priorité mondiale en terme de conservation. Sur les 14 000 espèces de plantes, 83% sont endémiques, ainsi que 61% de ses oiseaux, 92% de ses reptiles, 99% de ses amphibiens et bien-sur, les lémuriens, emblèmes du pays. Ces espèces n'existent nulle par ailleurs sur la planète.
Ce patrimoine naturel est grandement menacé de disparition, notamment les forêts naturelles primaires qui couvraient autrefois la majeure partie de l'île et ne représentent aujourd'hui plus que 10% du territoire.
Depuis 2012, le Conservatoire est un partenaire technique et scientifique de l’ONG malgache SAGE, gestionnaire de la petite aire protégée Ambohitr’Antsingy Montagne des Français dans l’extrême nord du pays. D’une superficie de 6000 hectares, cette forêt sèche est d’une incroyable richesse avec 639 espèces végétales. 9 espèces sont identifiées comme endémiques locales (espèces propres à ce territoire) dont le très caractéristique Baobab de Suarez (Adansonia suarezensis) classé en danger d’extinction ou l’Aloe de Suarez (Aloe suarezensis). 110 espèces sont menacées (9 sont en danger critique, 65 en danger et 37 vulnérables). L’aire protégée est aussi très riche au plan faunistique avec une forte présence de reptiles, d’amphibiens, d’oiseaux et bien sur de lémuriens. Diverses menaces pèsent sur cette forêt avec en premier lieu le surpâturage des zébus qui fragilise les sols, la culture sur brulis qui fragmente sévèrement la futaie et accentue le développement des plantes envahissantes mais aussi la coupe d’arbres pour le charbonnage ou la coupe de bois précieux comme l’ébène ou le palissandre. Plusieurs programmes sont menés conjointement par le SAGE et le Conservatoire pour mener des actions de conservation de la flore et des milieux naturels ainsi que pour développer l’écotourisme en sein de l’aire protégée.
Objectifs
- Connaissance de la flore : inventaires floristiques, mise en herbiers d'échantillons.
- Conservation : création d’outils de multiplication, reboisement de parcelles déforestées au sein de l'aire protégée, création de divers protocoles de travail, protection des espèces menacées et de leur habitat.
- Expertise : formation de divers agents (techniciens, pépiniéristes), échange de connaissances pratiques, mise en réseau des différents intervenants.
- Sensibilisation : développement d'un volet écotouristique avec la mise en place de circuits de randonnées, de panneaux explicatifs, de dépliants.
Quelques résultats
Deux pépinières ont été développées avec pour objectif la production annuelle de 15000 arbres autochtones et la plantation au sein du noyau dur de l’aire protégée d’au moins 10000 arbres par an. Un arboretum a également été créé à proximité. Il permet de préserver des arbres locaux et des espèces menacées et de former divers public à leur reconnaissance. Un espace de stockage de graines a vu le jour pour permettre l’étalement des semis sur quelques années. Parallèlement à ces actions, un travail d’éradication des plantes invasives est mené sur le terrain avec les communautés.
Actualités
Deux nouveaux programmes sont développés simultanément en 2020 sur cette même zone pour permettre une bonne complémentarité des actions.
- Le centre écotouristique Mikajy pour permettre aux communautés villageoises d’accueillir des visiteurs via une muséographie et un jardin de plantes endémiques et médicinales. Les villageois eux-mêmes sont chargés d’accueillir les personnes et de les guider à travers l’aire protégée.
- Un programme d’intensification de restauration forestière en développant une pépinière de production d’arbres dans chacun des 7 villages de l’aire protégée. Chaque pépinière produira 3500 plants qui seront ensuite replanté avec chaque communauté sur le territoire du village. L’association Jardins du monde complète ce programme en proposant à chaque village une sensibilisation théâtrale à la biodiversité ainsi que 10 séances de formation à l’usage des plantes médicinales.
Articles à consulter
- Un déracineur pour lutter contre des espèces exotiques envahissantes - 7 juillet 2020
- Lancement de la construction du Centre Mikajy à Madagascar - 16 septembre 2020
Partenaires techniques
- SAGE - Service d'Appui à la Gestion de l'Environnement
- MBG - Missouri Botanical Garden
- Université d'Antsiranana, Madagascar
- KMCC – Kew Madagascar Conservation Centre
Partenaires financiers
Contact
Delphine Cabanis
Technicienne de conservation
Conservatoire botanique national de Brest
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