L’Antinorie faux-agrostis (Antinoria agrostidea (DC.) Parl.) est une petite graminée très rare qui est menacée de disparition en Pays de la Loire, où seules deux stations sont aujourd’hui observées. C’est pourquoi un plan de conservation a été élaboré à l’échelle de la région, qui vise à assurer le maintien de ses populations et de ses habitats pour le long terme. Des recherches au niveau de stations historiques, qui étaient beaucoup plus nombreuses autrefois, sont également à entreprendre. Ce nouveau plan de conservation complète celui déjà élaboré pour l’Antinorie faux-Agrostis en Bretagne, ce qui permet une prise en compte de l’ensemble des populations armoricaines de l’espèce.
Contexte
L’Antinorie faux-agrostis (Antinoria agrostidea (DC.) Parl.) est une plante méditerranéo-atlantique que l’on rencontre à l’ouest de l’Europe (France, Espagne Portugal, Italie) et également en Afrique du Nord. Devenue rare en France, elle est aujourd’hui principalement représentée dans la partie orientale du Massif armoricain (Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, etc.) et sur les contreforts nord-ouest du Massif central (Limousin).
Évaluée comme « en danger » d’extinction à l’échelle de la France et de la Bretagne, la plante est jugée comme extrêmement menacée de disparition en Pays de la Loire (évaluée « CR – en danger critique d’extinction » au sein de la liste rouge régionale), où elle bénéficie d’un statut réglementaire de protection.
En région Pays de la Loire, l’Antinorie faux-agrostis est connue historiquement dans chacun des cinq départements. Cependant la plante n’a été observée après 2000, qu’en Loire-Atlantique. Elle est ainsi présumée disparue de Maine-et-Loire, Mayenne, Vendée et Sarthe où les observations datent, pour la plupart, du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe pour les plus récentes. Un fort déclin des populations est observé depuis le XIXe siècle, époque où les observations de la plante étaient beaucoup plus nombreuses, en particulier en Mayenne et Anjou. Les populations récemment observées ne se trouvent qu’en deux localités du nord de la Loire-Atlantique (communes de Nozay et Sévérac).
La dégradation ou destruction des habitats naturels de l’Antinorie faux-agrostis semble être la première cause de régression : l’eutrophisation des milieux mais également la simplification des paysages agraires (drainage et artificialisation des prairies humides, bouchage de mares, etc.) peuvent en particulier être mises en cause.
Description de la plante
L’Antinorie faux-agrostis appartient à la famille des Poacées (Graminées). C’est une plante vivace (parfois annuelle) de petite taille (jusqu’à 30 cm)
à tiges grêles, dont les épis se forment assez tard en fin de printemps ou en été, et qui peut très facilement
passer inaperçue. En l’absence d’inflorescence, le risque de confusion avec d’autres graminées est important.
Elle s’observe en pleine lumière au sein de pelouses amphibies sur des sols acides et pauvres en nutriments, sur des substrats d’origine granitique ou siliceuse.
En Bretagne et Pays de la Loire, les stations qui se maintiennent se trouvent principalement en bordure de mares ou d’étangs peu profonds, où l’Antinorie faux-agrostis peut former des radeaux flottants ou se développer sur les grèves exondées lors de la baisse estivale des eaux. Autrefois la plante était également abondante au sein de prairies humides, elle était notamment citée sur les prairies de pourtour du lac de Grand-Lieu ou encore dans la vallée du Don. Quelques mentions en bordure de cours d’eau ou fossés ont également été faites en Mayenne.
© G. Masson (CBN Brest)
Objectifs
L’état des lieux des populations d’Antinorie faux-agrostis en Pays de la Loire met en évidence une situation précaire, du fait principalement du très faible nombre de localités où la plante a pu être observée récemment. Le plan de conservation vise ainsi à mieux prendre en compte ces populations résiduelles, et à proposer des mesures de conservation adaptées et durables. Il vise également à mettre en œuvre des recherches pour tenter de retrouver d’autres stations, là où les milieux lui seraient encore favorables.
Le plan de conservation est un outil qui permet de mettre en place des mesures :
- d’information, de sensibilisation et de prise en compte de l’espèce,
- de sauvegarde des populations existantes (renforcement de la protection des sites, mise en place de mesures de gestion appropriées),
- d'amélioration des connaissances sur la plante et les communautés végétales dans lesquelles elle pousse,
- de suivi des populations,
- de conservation ex situ (collecte de graines pour constitution de lots de sauvegarde au congélateur),
- de développement de partenariats.
>> Télécharger le plan de conservation en faveur de l’Antinorie faux-agrostis
>> Télécharger la fiche de présentation de l'Antinorie faux-agrostis
Partenaires
- DREAL Pays de la Loire
- Région Pays de la Loire
- Conseils départementaux de Loire-Atlantique, Mayenne, Maine-et-Loire, Vendée, Sarthe
- Parcs naturels régionaux de Brière, Normandie-Maine
- Associations Bretagne-Vivante, Mayenne nature environnement, CPIE Mayenne Bas-Maine, CPIE Sèvre et Bocage, CPIE Logne et Grand-Lieu, CPIE Loire Anjou, LPO Anjou
- Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire
Contact
Cécile Mesnage : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Conservatoire botanique national de Brest
Antenne Pays de la Loire
Dans le cadre du programme de Conservation de 11 espèces d'arbres menacées de l'aire protégée (AP) Ambohitr'Antsingy Montagne des Français à Madagascar, une mission sur place de la technicienne de conservation, Delphine Cabanis, a été réalisée début septembre 2024 pour apprécier les avancées du programme.
En partenariat avec la Fondation Franklinia et l’association Arche aux plantes, ce programme a pour objectif la conservation in-situ et ex-situ de 11 espèces d’arbres particulièrement menacées, toutes endémique du nord du pays, voire pour certaines d’entre elles, de l’aire protégée Ambohitr’Antsingy Montagne des Français.
Sur les 11 espèces, 9 sont aujourd’hui inventoriées dans l’aire protégée et bénéficient d'une protection in-situ. Il s'agit de : Cleidion capuronii (CR), Dombeya ambohitrensis (CR), Dombeya milleri (CR), Eugenia calciscopulorum (CR), Beguea borealis (CR), Manilkara suarezensis (CR), Adansonia suarezensis (EN), Croton aleuritoides (EN) et Helmiopsiella poissonii (EN).
Près de 1 000 plants de ces 9 espèces ont été produits en pépinière et replantés dans l'aire protégée pour renforcer les stations existantes.
Cleidion capuronii en fleur © Delphine Cabanis (CBN Brest)
Croton aleuritoides, classé EN © Delphine Cabanis (CBN Brest)
Fructification de Dombeya ambohitrensis, classé CR © Delphine Cabanis (CBN Brest)
Helmiopsiella poissonii en culture en pépinière, classé EN © Delphine Cabanis (CBN Brest)
À ce stade, 2 espèces sont encore en cours de prospection : Senna suarezensis (CR, possiblement éteint) et Mimosa capuronii (EN).
Ce programme bénéficie de l’appui technique du SAGE (gestionnaire de l’AP), de l’université d’Antsiranana et du Missouri Botanical Garden (MBG).
L'équipe travaillant sur le projet : étudiants de l'université d'Antsiranana, MBG, SAGE, CBN Brest, pépiniériste et guide local ©DR
La Crassule de Vaillant (Crassula vaillantii (Willd.) Roth) est une plante rare et menacée de disparition en Pays de la Loire où seules quelques stations très vulnérables persistent. C’est pourquoi, un plan de conservation régional, rédigé en 2023, a pour objectif de mettre en place des actions visant à assurer le maintien des populations de cette plante pour le long terme et sensibiliser sur la fragilité de ses habitats. Des recherches au niveau des stations historiques qui étaient plus nombreuses autrefois sont également à entreprendre.
Contexte
La Crassule de Vaillant (Crassula vaillantii (Willd.) Roth), plante méditerranéo-atlantique à répartition assez large (Europe de l’Ouest et du Sud, Afrique du Nord et Asie centrale notamment), est rare en France, surtout représentée sur le pourtour méditerranéen. Les foyers de population confirmés récemment ont une distribution très disséminée et disjointe : pourtour méditerranéen/Corse, Massif armoricain, régions d’Ile-de-France et du Centre, Massif central.
La plante est jugée comme extrêmement menacée de disparition (« CR – en danger critique d’extinction ») en Pays de la Loire, mais également en régions Centre, Ile-de-France et Auvergne. Elle est menacée de disparition également en Bretagne et en région Rhône-Alpes, les localités où elle subsiste étant cependant un peu plus nombreuses dans ces régions.
Un fort déclin des populations des Pays de la Loire (connues uniquement en Loire-Atlantique et Maine-et-Loire) est observé depuis le 19e siècle, époque où les observations de la plante étaient plus nombreuses, en particulier en Anjou. Les populations qui sont aujourd’hui encore connues dans la région, au droit d’affleurements schisteux, se répartissent autour de très rares localités qui se trouvent dans deux communes proches : le Pin, coté Loire-Atlantique et Angrie, côté Maine-et-Loire.
La dégradation ou destruction de ses habitats naturels semble être la première cause de régression : urbanisation, fermeture, assèchement ou eutrophisation des milieux.
Description de la plante
La Crassule de Vaillant appartient à la famille des Crassulacées. C’est une herbacée annuelle (passe la mauvaise saison sous forme de graine), de très petite taille (15 centimètres de hauteur au maximum) qui est glabre dans toutes ses parties et de couleur vert clair mais devenant souvent rougeâtre. Son développement dépend du contexte stationnel et des conditions météorologiques : elle peut ainsi parfois présenter des individus fructifiés minuscules de quelques centimètres, voire d’un centimètre de haut seulement. Sa floraison est ainsi plutôt printanière (mai-juin). Mais la plante, dite « à éclipse », peut ne pas germer certaines années où les conditions météorologiques et d’inondation lui auraient été peu favorables.
C’est une espèce pionnière des mares temporaires, inféodée aux substrats siliceux inondés en hiver et s’asséchant rapidement au printemps. Elle affectionne les lieux de pleine lumière à humidité ambiante et température plutôt élevée, et pousse sur des substrats légèrement acides et pauvres en nutriments.
© Julien Geslin - CBN Brest
Objectifs
L’état des lieux des populations de Crassule de Vaillant en Pays de la Loire met en évidence une situation extrêmement précaire, du fait principalement du très faible nombre de localités où la plante se maintient. Le plan de conservation vise ainsi à mieux prendre en compte ces populations résiduelles, et à proposer des mesures de conservation adaptées et durables afin de maintenir un état de conservation favorable à l'espèce. Il vise également à mieux comprendre la biologie de la plante et à mettre en œuvre des recherches pour tenter de retrouver d’autres stations.
Le plan de conservation est un outil qui permet de mettre en place des mesures :
- d’information, de sensibilisation et de prise en compte de l’espèce,
- de sauvegarde des populations existantes (renforcement de la protection des sites, mise en place de mesures de gestion appropriées),
- d'amélioration des connaissances sur la plante et les communautés végétales dans lesquelles elle pousse,
- de suivi des populations,
- de conservation ex situ (collecte de graines pour constitution de lots de sauvegarde au congélateur),
- de développement de partenariats.
> Télécharger le plan de conservation en faveur de la Crassule de Vaillant
> Télécharger la fiche synthétique sur la Crassule de Vaillant
Remarque : Dans le cadre de la protection des données sensibles, les localisations précises des stations sont volontairement non divulguées dans le document. Nous vous invitons à nous contacter en cas de besoin.
Partenaires
- DREAL Pays de la Loire ;
- Région Pays de la Loire ;
- Association Bretagne-Vivante ;
- Association candéenne, patrimoine environnement ;
- CPIE Loire-Anjou ;
- Conservatoire d’espaces naturels (CEN) des Pays de la Loire ;
- Communes de le Pin et Angrie ;
- Communautés de communes « Anjou Bleu communauté » et « Communauté de Communes du Pays d’Ancenis – COMPA » ;
- Conseils départementaux de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire.
Contact
Cécile Mesnage
Conservatoire botanique national de Brest
Antenne Pays de la Loire
Chargée d'études flore et habitats
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30 années. C’est le temps qui aura été nécessaire pour sauver de l’extinction et réintroduire en nature une plante endémique de l’île Maurice : Cylindrocline lorencei. La mise en oeuvre des techniques de multiplication jusqu’alors inexplorées dans le domaine de la conservation ont permis de sauver cette espèce disparue en nature.
Un sauvetage in extremis
Dans les années 70, Cylindrocline lorencei est connue pour être au bord de l’extinction. Jean-Yves Lesouëf, fondateur du CBN de Brest décide alors de collecter des graines et des boutures, dans l’espoir de procéder à un sauvetage de l’espèce. En 1990, l’espèce est déclarée éteinte en nature.
Cependant, le CBN de Brest les avait placées en banque de graines mais celles-ci étaient incapables de germer naturellement. Grâce à l’utilisation des biotechnologies, en collaboration avec l'INRA de Ploudaniel, il réussit en 1993 à régénérer des plantes entières. Il s’agit alors d’une première mondiale au service de la conservation de la biodiversité. Les essais de bouturage assez difficiles et le manque d’individus et de graines viables conduisent ensuite le Conservatoire à se tourner vers Vegenov pour multiplier à plus grande échelle, par micropropagation in vitro, des centaines de plantes dès 2009.
Recréer les conditions d’un retour en nature
Cette réussite portée par les biotechnologies n’aurait pas été concrétisée sans l’implication sans faille de notre partenaire technique mauricien, le National Park and Conservation Service (NPCS) et de notre partenaire financier Mauritius Commercial Bank.
À partir de 2021, un long travail d’aménagement de zones de gestions expérimentales, les Conservation Management Areas (CMA), délimitées par des grillages pour éviter la présence d’espèces animales indésirables et nettoyées de toutes espèces végétales invasives, a permis l’acclimatation d’une trentaine de plants qui aujourd’hui s’épanouissent dans un environnement protégé. À partir de 2021, un long travail d’aménagement de zones de gestions expérimentales, les Conservation Management Areas (CMA), délimitées par des grillages pour éviter la présence d’espèces animales indésirables et nettoyées de toutes espèces végétales invasives, a permis l’acclimatation d’une trentaine de plants qui aujourd’hui s’épanouissent dans un environnement protégé.
2024, une réintroduction en nature à grande échelle.
Les trois décennies écoulées ont été jalonnées par de nombreuses étapes qui marquent un tournant dans l’approche de la conservation : l’étude du cycle de vie de l’espèce, les tests de culture d’embryons et l’usage de techniques innovantes, les étapes de sa multiplication à Brest, avant de se projeter sur le site de réimplantation dans un environnement restauré à Maurice.
Toutes ces étapes nous permettent aujourd’hui d’annoncer la réintroduction dans son environnement naturel, de cette espèce endémique de l’île Maurice, presque 35 ans après sa disparition en nature. Une centaine de plants nés à Brest seront, au terme d’un protocole extrêmement précis, réintroduits dans les CMA de l’Île Maurice au mois de juin, dans l’objectif d’assurer son retour durable dans son environnement naturel.
Catherine Gautier, responsable conservation ex situ, et Stéphane Buord, directeur scientifique des actions internationales du CBN de Brest
© C. Le Guillou (CBN Brest)
Notre partenaire financier
Nos partenaires techniques
National Park and Conservation Service
Contact
Stéphane Buord
Directeur scientifique actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
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Depuis un an, le Conservatoire botanique national de Brest bénéficie de l’appui de la Fondation Suisse Franklinia pour le sauvetage et la conservation de 11 espèces d’arbres menacées de l’aire protégée Ambohitr’Antsingy Montagne des Français. Ces espèces cibles sont toutes des endémiques restreintes classées en danger critique (CR) et en danger (EN) à l’échelle mondiale. La survie de ces espèces requiert absolument des mesures urgentes de conservation.
Il est prévu, pour chaque espèce, un volet développement des connaissances pour optimiser le volet conservation in-situ et ex-situ. Un volet information et sensibilisation des communautés vient amplifier l’ensemble des actions de préservation.
Ce programme s’inscrit dans la continuité des actions de conservation de la biodiversité malgache menées par le SAGE, gestionnaire de l’aire protégée et appuyé par le Conservatoire botanique national de Brest, partenaire technique depuis plus de 10 ans. De multiples outils déjà existants sont impliqués dans ce projet (2 pépinières, 1 espace de stockage de graines, 1 arboretum, des patrouilles mixtes) ainsi que de nombreux professionnels français et malgaches (pépiniéristes, botanistes, techniciens) et des communautés villageoises impliquées et sensibilisées.
Ce projet de 3 ans est financé par la fondation Franklinia, l'Arche aux plantes et le Conservatoire botanique national de Brest.
Helmiopsiella poissonii (EN) © Alban ANONJARA
Contexte
L'aire protégée Ambohitr'Antsingy Montagne des Français se situe à l'extrême nord du pays. D'une surface de 6 000 hectares, elle regroupe une forêt sèche caducifoliée, une forêt subhumide et une végétation typique des tsingy (étendus de calcaire et de roches friables composés de coquillages fossilisés). Selon le dernier inventaire floristique de 2021, l'aire protégée compte 639 espèces ligneuses dont 110 sont menacées (9 en danger critique, 64 en danger et 37 sont vulnérables). Les inventaires faunistiques mettent en avant la présence de lémuriens, mais aussi celles d'amphibiens, de nombreux Gekkonidae et d'oiseaux dont bon nombre sont endémiques régionaux.
Malgré le classement du massif forestier en aire protégée, les forêts sèches du massif sont soumises à de fortes pressions anthropiques, souvent à cause de leur proximité avec la ville d'Antsiranana (ou Diégo-Suarez), comme le charbonnage, la coupe de bois, le surpâturage, la culture sur brulis ou le braconnage.
Objectifs
Ce programme a pour ambition d’améliorer la conservation in-situ et de développer la conservation ex-situ de chacun de ces taxons. Le premier volet comprend l’amélioration des connaissances des espèces cibles (taxonomie, phénologie, répartition de l'espèce via les herbiers anciens et récents, les observations "i-naturalistes", les listes rouges).
Le deuxième volet englobe la conservation in-situ des espèces via la localisation des stations et l’analyse de l’état des populations. Plusieurs missions de terrain sont programmées avec l’appui de l’antenne malgache du MBG (Missouri Botanical Garden) pour connaître la répartition précise de chaque espèce et l’état de conservation des populations. Des photos et des échantillons d'herbiers seront également réalisés.
Le troisième volet prend en charge la conservation ex-situ de chacun des taxons via leur multiplication en pépinière en vue d’un renforcement des populations existantes. Une équipe de stagiaires malgache vient renforcer l’équipe sur place pour établir des protocoles de culture et de multiplication, faire l’analyse et les suivis des stations. L’ensemble des données acquises seront agrégées dans une base de données pour permettre un partage des connaissances des gestionnaires de la région et des divers acteurs intervenants sur l’aire protégée.
Le dernier volet prévoit la sensibilisation des communautés locales et leur intégration dans les activités de conservation via l’entretien des stations, la plantation des espèces cibles et leur suivi.
Mise en herbiers lors des missions de terrain © Alban ANONJARA
Les 11 espèces cibles concernées par le projet sont les suivantes :
- Senna suarezensis, Fabaceae. En danger critique, possiblement éteint. Aucune localisation valide pour cette espèce.
- Cleidion capuronii, Euphorbiaceae. En danger critique. Une seule localisation connue.
- Dombeya ambohitrensis, Malvaceae.En danger critique. Deux subpopulations connues.
- Dombeya milleri, Malvaceae.En danger critique. Deux subpopulations connues.
- Eugenia calciscopulorum, Myrtaceae.En danger critique. Une localisation connue.
- Beguea borealis, Sapindaceae. En danger critique. Une localisation connue.
- Manilkara suarezensis, Sapotaceae . En danger critique. Une localisation connue.
- Adansonia suarezensis, Malvaceae. En danger. Six subpopulations connues.
- Croton aleuritoides, Euphorbiaceae. En danger. Deux subpopulations connues dans la NAP.
- Mimosa capuronii, Fabaceae. En danger. Statut proposé par KMCC. Pas inscrite sur la liste rouge pour l’instant par manque de connaissance.
Ces 11 espèces sont toutes autochtones de la région DIANA, voire pour sept d’entre elles, endémiques localisées à l’aire protégée. Pour ces dernières, c'est leur micro-endémisme qui les classe dans la catégorie CR.
Les résultats de la première année
Trois missions de terrain ont été réalisées et ont permis de localiser 7 espèces sur les 11 ciblées. Certaines sont en cours de multiplication en pépinière.
- Manilkara suarezensis : 2 petites stations avec 45 pieds comptés dont seulement 11 semenciers.
- Begueaborealis : 5 petites stations avec 196 pieds recensés dont 48 semenciers. En cours de semis.
- Croton aleuritoides : 8 petites stations avec en tout 309 pieds inventoriés dont une cinquantaine de semenciers. Semis et boutures en cours.
- Helmiopsiella poissonii : deux très petites stations avec 180 pieds recensés dont 63 semenciers. Semis et boutures en cours.
- Adansonia suarezensis : plusieurs stations réparties dans la partie nord. Présence de nombreux semenciers mais difficultés de régénération naturelle à cause entre autres de la culture sur brulis. Semis en cours.
- Dombeyaambohitrensis : 1 station. L'identification de l'espèce vient d'être validée. L'étude de la station va pouvoir être réalisée.
- Eugenia calciscopulorum : 1 station. L'identification de l'espèce vient d'être validée. L'étude de la station va pouvoir être réalisée.
Holotype de Senna suarezensis (possiblement éteint) récolté en 1958 dans l’AP AA MdF par René Capuron © MNHN
Nos actions phares
Nous avons choisi de vous présenter une diversité d'actions menées par le Conservatoire botanique national de Brest dans l'Ouest de la France et dans les hauts lieux de biodiversité mondiaux. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive. Faites votre choix !
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Etude des prairies permanentes de Belle-île-en-mer
!!
Les prairies permanentes* de Belle-île constituent un patrimoine collectif majeur. La Communauté de communes de Belle-Île-en-Mer (CCBI), consciente de cet enjeu, a mis au cœur de son Projet agro-environnemental et climatique la préservation de ces milieux. Le Conservatoire botanique contribue à ce projet par des études visant à caractériser les différentes prairies de l’île et à définir les bonnes pratiques agricoles.
Contexte
Avec près de la moitié de la surface de l’île exploitée par une cinquantaine d’agriculteurs, Belle-île-en-mer constitue un important territoire agricole où l’élevage joue un rôle primordial tant au niveau paysager qu'écologique, économique et social. En raison du contexte insulaire, les modes de gestion agricoles sont restés plutôt extensifs et ont privilégié les systèmes herbagers. Associées à la conjonction de plusieurs facteurs naturels déterminants (climat doux, forte influence maritime, substrat géologique schisteux, sols peu profonds...), ces pratiques ont favorisé la présence de végétations prairiales riches et originales. Mais leur intérêt n’a été mis en exergue que très récemment par le Conservatoire botanique national de Brest, venu initialement étudier les milieux littoraux exceptionnels qu’offre l’île.
*Mais c’est quoi une prairie permanente ? Le dictionnaire Larousse en ligne indique qu’une prairie est un « terrain couvert d’herbe [N.D.L.R. : de plantes herbacées vivaces] utilisée pour l'alimentation des animaux, par pâture ou par fauche, ou par les deux méthodes » et définit une prairie permanente comme une prairie qui « n'a été ni labourée ni ensemencée ». Autrement dit, l’étude s’intéresse plus particulièrement aux prairies dont la flore est spontanée, également appelées « prairies naturelles ».
Objectifs
Depuis 2016, le Conservatoire botanique national de Brest a été sollicité par les acteurs de la conservation des espaces naturels bellilois pour caractériser, catégoriser, localiser et globalement mieux comprendre les végétations prairiales de Belle-île-en-mer et les enjeux de conservation associés.
Premiers résultats
L’étude des végétations des prairies permanentes de Belle-île-en-mer (méthode phytosociologique) a permis de mettre en évidence une grande diversité de prairies permanentes, avec trente types de prairies différents recensés. Un premier état des lieux cartographique dans les terrains publics du Conservatoire du littoral et du Département du Morbihan a également permis d’identifier et de localiser les prairies les plus intéressantes d’un point de vue de la biodiversité et de préciser leur état de conservation en lien avec les pratiques de gestion agricoles insulaires. Ces travaux ont souligné l’originalité et le grand intérêt patrimonial des végétations prairiales de l’île. Certaines végétations de ces prairies étaient inconnues ou sont devenues rares sur le continent.
Près de la moitié d’entre-elles sont par ailleurs caractéristiques d’habitats d’intérêt communautaire (inscrits à l’annexe 1 de la directive européenne « Habitats-Faune-Flore »). Ces résultats permettent de mettre en évidence la grande responsabilité de l’île pour la conservation de ces milieux.
Perspectives
L’implication du Conservatoire botanique national de Brest dans la conservation des prairies belliloises se prolonge en 2021 afin de poursuivre la localisation des enjeux et de sensibiliser les acteurs locaux. Plus globalement, la conservation des prairies permanentes apparaît aussi comme un enjeu majeur au niveau régional.
En effet, la biodiversité prairiale et la qualité paysagère des territoires marqués historiquement par les systèmes herbagers, comme à Belle-île, sont gravement menacés par les atteintes portées actuellement aux prairies (diminution des surfaces de prairies, modifications profondes de leur composition végétale…). C’est pourquoi le Conservatoire botanique national de Brest travaille sur la construction d’un projet d’étude sur les prairies permanentes de la région Bretagne. Ce projet viendra alimenter le plan national stratégique sur les prairies, en cours de construction par l’Office français de la biodiversité, en lien avec les Conservatoires botaniques nationaux et l’INRAe.
Rapports d'études
2 rapports d'études ont été réalisés par le Conservatoire.
- Masson G., Colasse V., Laurent E., 2016 - Contribution à l’étude des prairies de Belle-île-en-mer. Typologie phytosociologique. Conseil départemental du Morbihan, Communauté de communes de Belle-île-en-mer. Brest : Conservatoire botanique national de Brest, 89 p.+ 2 annexes.
- Laurent E. & Colasse V., 2020 - Prairies de Belle-île-en-mer : Etat des lieux des prairies de Belle-île-en-Mer dans les Espaces naturels sensibles et les terrains du Conservatoire du Littoral. Département du Morbihan, Conservatoire du Littoral. Brest : Conservatoire botanique national de Brest, 29 p. + 4 annexes.
Ils sont disponibles uniquement sur demande à e.laurent@cbnbrest.com
Partenaires
- Département du Morbihan
- Conservatoire du Littoral
- Communauté de communes de Belle-île-en-mer
Contact
Elise Laurent
Chargée d'études flore et habitats
Antenne Bretagne
Conservatoire botanique national de Brest
e.laurent@cbnbrest.comEn savoir plus
- Site web de Belle-île-en-mer : une faune et une flore remarquable
21 oct 2021
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Évaluation de la responsabilité de la Bretagne pour la conservation des habitats d'intérêt communautaire
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Entre 2019 et 2020, le Conservatoire a évalué la responsabilité de la Bretagne et des sites Natura 2000 pour la conservation des habitats d’intérêt communautaire. Ce travail, répondant à un besoin exprimé par la DREAL et les chargés de mission Natura 2000, devrait aider à évaluer et prioriser les actions de gestion tant au niveau local qu'au niveau régional. Il repose sur des connaissances acquises ces vingt dernières années par le Conservatoire et permet de replacer la responsabilité de la région dans un cadre national et européen.
02 fév 2021
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Plan national d'actions en faveur du Panicaut vivipare
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Le Panicaut vivipare figure parmi les plantes les plus rares et les plus menacées d'Europe ! En France, il vit aujourd'hui dans un seul site situé à Belz dans le Morbihan. Identifié comme une priorité par l'Etat, il fait l'objet d'un "Plan national d'actions", coordonné depuis 2013 par le Conservatoire botanique national de Brest, dont la réussite repose sur l'implication la plus large possible des acteurs locaux.
!!27 aoû 2020
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Réseau sur la restauration des zones humides de Bretagne
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Depuis 2012, le Conservatoire botanique national de Brest participe à un réseau expérimental sur la restauration de zones humides. D’abord initié dans le Finistère, le réseau est actuellement en cours d’extension au niveau régional sous la coordination du Forum des marais atlantiques.
!!15 nov 2019
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Réseau de suivi du Coléanthe délicat en Bretagne
!!
Depuis 2016, le Conservatoire botanique anime un réseau de suivi du Coléanthe délicat (Coleanthus subtilis) en Bretagne regroupant des opérateurs Natura 2000, des collectivités, des gestionnaires d'espaces naturels...
!!14 nov 2019
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Méthodes de cartographie de la végétation : de la télédétection aux approches terrain
!!
La connaissance des végétations, et plus particulièrement la cartographie des végétations, intéressent de plus en plus les acteurs des territoires. Les cartes de végétation (ou de "milieux naturels" ou encore "habitats naturels") apparaissent en effet comme un outil indispensable dans les programmes d’aménagement du territoire, la gestion d’espaces protégés, la création d’aires protégées et le suivi des milieux naturels. Dans le cadre d’un Contrat Nature 2013-2017, le Conservatoire botanique s’est intéressé aux méthodes de cartographie et leur pertinence par rapport aux objectifs des utilisateurs des cartes.
!!22 nov 2017
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Réseau des fermes de références en Bretagne
!!
De 2013 à 2017, un réseau breton de 19 fermes et 90 parcelles agricoles en zones humides a été passé à la loupe des agronomes, des botanistes et des entomologistes. Ce travail a été mené par les Chambres d’agriculture de Bretagne avec l’appui des partenaires scientifiques et techniques : Conservatoire botanique national de Brest, Groupe régional d’étude des invertébrés armoricains et Institut national de la recherche agronomique.
!!02 nov 2017
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