Les Characées sont des algues des eaux douces et saumâtres. Ces plantes, encore peu étudiées à l’heure actuelle, jouent un rôle d’indicateur biologique des milieux aquatiques. Le Conservatoire botanique national de Brest et le Syndicat mixte des espaces littoraux de la Manche (SyMEL) lancent, autour de cette famille méconnue, un programme de connaissance et d’appui pour la gestion des mares des dunes de la côte ouest du Cotentin.
Contexte
Bien que reconnus au travers de la directive européenne Habitat-Faune-Flore comme un élément important du patrimoine naturel, les herbiers à Characées sont méconnus et l’état des connaissances est très insatisfaisant. Leur détermination nécessite des compétences particulières et peu de botanistes s’y sont intéressés. Or ces espèces jouent un rôle écologique important dans de nombreux écosystèmes aquatiques terrestres et peuvent apporter des indications précises sur la qualité physico-chimique des eaux et sur la dynamique globale des pièces d’eaux.
Après une première session de formation et quelques inventaires ponctuels réalisés par le Conservatoire botanique sur ce groupe d’espèces, plusieurs partenaires gestionnaires se sont intéressés à ces plantes et à leurs intérêts en termes d’indicateurs de suivi pertinents pour certains milieux aquatiques. Ainsi le SYMEL, gestionnaires d'espaces littoraux dans lesquels les pannes (mares plus ou moins temporaires) sont nombreuses, a proposé un programme sur les Characées en étroite collaboration avec le Conservatoire botanique. Ce programme rentre dans le cadre d'un appel à projet de la Région Normandie en faveur de la biodiversité d’ici fin 2021.
Zoom sur les Characées
Les Characées sont des algues évoluées, observables dans les eaux douces et parfois saumâtres. Cette famille comprend 7 genres et environ 400 espèces, dont une quarantaine en France métropolitaine, représentés principalement par les genres Chara et Nitella.
Ce sont des espèces fondatrices des écosystèmes aquatiques. Souvent premières à coloniser le milieu, elles permettent la fixation des éléments fins, organiques et minéraux, et clarifient ainsi l’eau d’une mare. Leur présence favorise la colonisation des plantes aquatiques supérieures.
Les herbiers constitués par ces espèces constituent des zones refuge pour la faune aquatique et la ponte des amphibiens et odonates. Ils sont aussi une ressource alimentaire pour certains oiseaux d’eau notamment des Anatidés.
Les écologues utilisent les Characées comme bio-indicateurs pour évaluer la qualité des eaux de surface. L’absence ou la présence de certaines espèces permet ainsi de déterminer la qualité physico-chimique de l'eau.
30 espèces ont été actuellement dénombrées en Normandie ce qui correspond à près de 70% des espèces connues en France.
En grande majorité liées à des eaux de bonne qualité physico-chimique et comme la plupart des espèces de zones humides, elles sont menacées par l’eutrophisation, la dégradation et la destruction des zones humides. Il s’agit donc d’espèces, pour la plupart rares et menacées.
Objectifs du programme
- Améliorer la la connaissance sur les Characées dans la Manche.
- Former des naturalistes et gestionnaires à leur reconnaissance.
- Inventorier les Characées d’un échantillon diversifié et représentatif des mares littorales.
- Analyser des communautés à Characées en corrélation avec le type de mares, l’hydrologie, les types de gestions (historiques ou récentes)...
- Proposer de nouveaux outils d’évaluation de l’état de conservation des habitats aquatiques afin de suivre ces milieux naturels fragiles et rares.
Partenaires financiers
Contact
Timothée Prey
Chargée d'étude flore et habitats
Antenne Normandie-Caen
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
En savoir plus
- eColibry, l'application web du Conservatoire sur les Characées, les lichens et les bryophytes de l'Ouest de la France
- Des gardes du littoral formés aux Characées
L’étude des dynamiques des végétations, par le biais de la phytosociologie paysagère, permet de mieux comprendre l’organisation des végétations au sein des paysages, dans l’espace et dans le temps. Elle est ainsi très utile pour objectiver, hiérarchiser et évaluer l'efficacité des choix de gestion dans les espaces naturels. Ce type d'étude intéresse de plus en plus les partenaires du Conservatoire à l'image du Département d'Ille-et-Vilaine qui a sollicité l'établissement en 2018 pour travailler sur le marais de Gannedel.
Contexte
Depuis les années 1970, l’étude des dynamiques des végétations, par le biais de la phytosociologie paysagère, a suscité un intérêt croissant en France et en Europe. Mais, si les études relatives au paysage végétal se sont multipliées en Europe depuis la fin du 20e siècle, de tels travaux restent peu nombreux sur le territoire français.
Le programme national CarHAB de cartographie des habitats terrestres, lancé par le ministère en charge de l’Écologie depuis 2011, a permis de mener plusieurs travaux expérimentaux et ainsi d’améliorer les connaissances sur la répartition et les trajectoires dynamiques des végétations. En parallèle, en Bretagne, une attente forte des acteurs du territoire est remontée au Conservatoire concernant l’étude des potentialités d’évolution des végétations à court et moyen termes. Entre 2013 et 2017, un Contrat Nature de la Région Bretagne a ainsi permis de proposer et de tester des méthodes d’inventaire et de cartographie des végétations intégrant une approche dynamique de la végétation.
Mais, même si elle n’est pas nouvelle, l’application de cette approche à la gestion des espaces naturels n’est pas très courante et reste encore expérimentale. Le nouveau guide méthodologique national d’élaboration des plans de gestion des espaces naturels considère pourtant les « tendances évolutives (e.g. comblement, dynamique de végétation, habitat précurseur de tel ou tel habitat…) » comme un des « éléments essentiels relatifs à l’habitat naturel en termes de gestion ».
Objectifs
Le Département d’Ille-et-Vilaine, souhaitant mieux prendre en compte les potentialités de végétation dans la gestion de ses Espaces naturels sensibles, a sollicité le Conservatoire en 2018 pour réaliser une étude expérimentale sur les dynamiques des végétations du marais de Gannedel (en rouge sur la carte). Objectifs :
- inventorier les séries de végétation,
- replacer ces séries de végétation dans le paysage,
- mettre en évidence les intérêts patrimoniaux (habitats d’intérêt communautaire, espèces à forte valeur patrimoniale…) au sein de chaque série,
-
fournir des éléments pour la gestion du site dans son ensemble.
C'est un ensemble de végétations qui se trouve dans un compartiment écologique homogène (même climat, même substrat géologique, même type de sol...) et qui s’inscrit dans une même succession temporelle.
Les végétations constitutives d’une série présentent ainsi les mêmes potentialités. Le plus souvent, la succession temporelle aboutit à un stade forestier mais elle peut également être bloquée, en raison de contraintes écologiques permanentes, à un stade moins structuré de type fourré arbustif ou lande, voire n’être constituée que d’un seul stade herbacé. Ce stade final correspond à la "tête de série" qui donne son nom à la série de végétation.
Résultats
Huit séries de végétation ont été distinguées, décrites et caractérisées sur le marais de Gannedel.
Les résultats de l’étude ont permis de comprendre le fonctionnement et l’organisation des végétations mais aussi des habitats naturels et des habitats d’espèces à forte valeur patrimoniale au sein du paysage végétal. Directement intégrables dans le plan de gestion du site, ils ont orientés les actions de gestion, de restauration et d’aménagement avec une vision prospective.
Une synthèse de cette étude fait l'objet d'un article dans le dernier numéro d'E.R.I.C.A. exceptionnellement disponible en téléchargement (5,4 Mo) jusque fin août 2020.
Perspectives
En 2020, ce sera au tour de l’Espace naturel sensible de la vallée du Canut (sud-ouest de Rennes) de passer sous la loupe du Conservatoire afin que celui-ci dévoile toutes ses potentialités de végétation. En parallèle, le Conservatoire s’implique également dans le programme national CarHAB pour établir une carte prédictive des enveloppes de séries de végétation (« biotopes ») du Finistère au 1:25 000.
Partenaire
Contact
Elise Laurent
Chargée d'études flore et habitats
Antenne Bretagne
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
En savoir plus
- Rapport d'études "Organisation temporelle et spatiale des végétations du marais de Gannedel (5,7 Mo)
- Contrat Nature 2013-2017 « Connaissance et cartographie des végétations sur de grands territoires : étude méthodologique »
- Revue E.R.I.C.A. - numéro 34 - mai 2020
- Guide national "Cartographie de la végétation à l'échelle des unités paysagères"
En tant que référent pour le Massif armoricain, le Conservatoire botanique national de Brest contribue à promouvoir Végétal local, une marque qui garantit l’engagement de producteurs en faveur de la biodiversité.
Contexte
Alors que les maîtres d’ouvrages et les gestionnaires d’espaces souhaitent de plus en plus utiliser des plantes sauvages collectées localement dans leur région d’origine, il n’existait jusqu’à présent aucun moyen permettant de garantir et contrôler l’origine de ces végétaux sauvages, malgré l’exigence de professionnels soucieux de la préservation de la biodiversité et des paysages.
La marque Végétal local a ainsi été créée en 2015 à l’initiative de la Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, l’Afac - Agroforesteries et Plante & Cité. Elle est aujourd'hui propriété de l'Office français pour la biodiversité. Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, l'Afac-Agroforesteries et Plante & Cité en assurent l'animation à l'échelle nationale.
Objectifs
Les végétaux sauvages d’origine locale rendent de nombreux services écosystémiques. Issus d’une longue co-évolution avec la faune et la flore locales, ils contribuent au bon fonctionnement des écosystèmes auxquels ils sont inféodés.
Ainsi, les plantations ou semis de végétaux ne doivent pas être automatiques mais réfléchies dans le cadre d’un projet d'aménagement pour permettre de laisser les végétaux pousser spontanément et reconquérir un espace à « renaturer ». Il est recommandé de réaliser ces interventions dans le cadre de la marque Végétal local qui garantie l'origine des plantes mis à disposition.
Privilégier les végétaux de Végétal local, c’est :
- participer à la fonctionnalité écologique des milieux,
- conserver le potentiel adaptatif vis à vis des changements globaux,
- permettre l’accueil et l’interaction avec la faune sauvage,
- améliorer la résistance aux maladies et ravageurs,
- favoriser la résilience des écosystèmes.
Pour qui ?
- Vous êtes une collectivité territoriale, un paysagiste, un bureau d’études et vous cherchez des végétaux pour vos aménagements, des informations sur les producteurs bénéficiaires ?
- Vous êtes producteur et vous souhaitez en savoir plus sur les végétaux éligibles ?
Quelles garanties ?
- La marque est encadrée par un règlement d'usage et un référentiel technique. Dans ces documents, sont définies toutes les procédures pour réaliser la collecte, la production et l’utilisation de ces végétaux.
- Dans un souci de cohérence écologique, 11 régions biogéographiques indépendantes des régions administratives ont été définies comme trame règlementaire de la marque. Les semences de base sont donc prélevées dans le milieu naturel de votre territoire. La production est garantie d’origine locale.
- Les végétaux ont conservé un maximum de leur diversité génétique, garantie d’une bonne adaptation à court et long terme.
Contact Massif armoricain
Julien Geslin
Animateur Végétal local pour le Massif armoricain
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
www.vegetal-local.fr
En savoir plus
- Listes des espèces Végétal local et des producteurs Végétal local par région d’origine
- Plaquette Végétal local
- Newsletter Végétal local
De 2019 à 2020, l'antenne Normandie-Caen du Conservatoire botanique s'est engagée dans un programme de cartographie permettant de visualiser la répartition de 19 grands types de végétation du Parc naturel régional de Normandie-Maine au 1: 25 000. Ce programme a été commandé par le Parc et a bénéficié aussi de financements de la part des Régions et des DREAL Normandie et Pays de la Loire.
La carte produite constitue un état des lieux dans le cadre de l’élaboration de la prochaine charte du Parc de 2023 à 2038. Elle permettra aux collectivités de disposer d’un fonds de connaissances de leur territoire sur la Trame verte et bleue. Pour l’équipe du Parc, elle servira à orienter les investigations complémentaires sur la biodiversité.
Contexte
Comprendre les milieux naturels du territoire, mieux connaître la répartition des landes, des forêts ou des prairies et outiller les acteurs locaux pour bâtir de nouvelles politiques d’aménagement et de biodiversité : c’est le défi que ce sont lancés le Parc Normandie-Maine et le Conservatoire botanique national de Brest.
La carte réalisée à vocation à se focaliser sur les enjeux écologiques et à aider les élus, les professionnels mais aussi les habitants curieux ou aguerris à connaître, décider, gérer et évaluer leurs actions à l'échelle du Parc comme à l'échelle communale.
Un travail similaire est en cours sur toute la région Bretagne.
Objectifs
La carte numérique doit raconter le paysage végétal du Parc Normandie-Maine. Elle doit permettre de comprendre la répartition et la composition de la végétation, de suivre son évolution et sa qualité environnementale.
Elle interroge sur le fonctionnement du territoire : comment les espèces peuvent circuler d'un endroit à un autre, quel obstacle peuvent-elles rencontrer, où sont les milieux propices à l’accueil de telle espèce animale ou végétale... ?
Elle constitue ainsi une base solide pour des analyses locales plus ciblées et détaillées. Elle permet de déterminer les secteurs à forte biodiversité et aussi les secteurs détériorés afin de les reconquérir et de guider les choix en termes de gestion et d'aménagement.
Méthodologie
La carte a été produite à l'aide d'une méthode de cartographie semi-automatique. Il s’agit d’associer des techniques de télédétection (segmentation, classification et photo-interprétation) et des données géographiques existantes (routes, bâti, eau issues de la BD TOPO® de l’IGN, inventaires communaux des zones humides…).
Elle distingue 19 grands types de végétation.
Le programme s'est déroulé en deux étapes :
-
en 2019, création de zones test sur 5 communes concernées par le programme Atlas de la biodiversité communale : Rives d'Andaine, Saint-Roch-sur-Égrenne, Saint-Mars-d'Égrenne, Mantilly et Passais Villages. Ces communes ont intégré le Parc Normandie-Maine en 2008 au moment de la révision de la charte et disposent de peu de données.
- 2020 : déploiement de la méthode sur l'ensemble du territoire avec étapes d'assemblage des dalles, validation de terrain et finalisation de la carte complète.
Points forts
- Une vision globale de la répartition des grands types de végétation
- Une carte complémentaire aux cartes d’occupation du sol ou des cartes précises à l’échelle de sites naturels
- Un référentiel commun et homogène à l'ensemble des acteurs de la biodiversité et de l'aménagement sur le territoire du Parc naturel régional Normandie-Maine
- Une production numérique en accès libre pour tous
Résultats
La carte des grands types de végétation du Parc naturel régional Normandie-Maine est en accès libre depuis janvier 2021.
264 780 hectares de surface terrestre ont été cartographiés.
Partenaires
- Parc naturel régional Normandie-Maine (commanditaire)
- DREAL Normandie
- DREAL Pays de la Loire
- Région Normandie
- Région Pays de la Loire
Contact
Lauriane Laville
Antenne Normandie-Caen
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
02 31 96 77 56
En savoir plus
Accéder à la carte des grands types de végétation du PNR Normandie-Maine
Depuis 2012, le Conservatoire botanique national de Brest participe à un réseau expérimental sur la restauration de zones humides. D’abord initié dans le Finistère, le réseau est actuellement en cours d’extension au niveau régional sous la coordination du Forum des marais atlantiques.
Contexte
La Cellule d’animation sur les milieux aquatiques (CAMA), co-animée par le Département du Finistère et le Forum des marais atlantiques, a mis en place depuis 2012 un réseau expérimental sur la réhabilitation de zones humides du Finistère.
Ce réseau a pour vocation d’évaluer si des travaux de restauration hydrologique permettent de retrouver les services et fonctions perdus de zones humides sévèrement altérées, en particulier la régulation de la qualité et de la quantité d’eau ainsi que l’accueil de la biodiversité. Leur efficacité est évaluée via un suivi pluridisciplinaire prenant appui sur la mobilisation de différents partenaires.
Le Conservatoire botanique national de Brest est partenaire technique et scientifique du réseau et a réalisé, dans ce cadre, l’état des lieux de la flore et des végétations des cinq sites pilotes du réseau. Il a également participé à la mise en place des protocoles de suivis de la végétation et à leur mise en œuvre.
Résultats
Les résultats du programme finistérien sont consignés, pour chacun des 5 sites pilotes, dans des rapports et synthèses. II incluent l'état initial, la définition des protocoles de travaux et leur mise en œuvre ainsi que les résultats des suivis après travaux et une évaluation de l'opération de restauration, basée sur l'analyse de l'évolution des différents indicateurs après travaux.
Perspectives
Depuis 2019, le réseau est en cours d’extension au niveau régional sous la coordination du Forum des marais atlantiques et inclue un volet recherche-action dénommé ETREZH (Evaluation de l’effet des travaux de restauration sur les fonctions des zones humides de Bretagne). Ce nouveau programme permettra de poursuivre l’acquisition des connaissances scientifiques et techniques, notamment sur l’effet des travaux de suppression de drainage enterré ou de remblai (non étudiés dans le Finistère). Le projet pose également la question de la façon dont peuvent être évalués les travaux de restauration et de l’adaptation de protocoles de suivis au contexte particulier de la restauration des milieux.
Partenaires
Contact
Vincent Colasse
Chargé d'études flore et habitats
Antenne Bretagne
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
En savoir plus
Site web de la Cellule d'animation sur les milieux aquatiques