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Le Conservatoire botanique national de Brest possède une collection de plantes de près de 4 850 taxons (espèces botaniques et variétés cultivées), conservés en banque de graines, cultivés en serres ou au jardin botanique. Sur l’ensemble de cette collection, 1 800 taxons sont menacés selon les catégories établies par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ce qui en fait la plus importante collection au monde de plantes menacées. Cette collection unique de plantes originaires du monde entier est le socle des activités de sensibilisation auprès du grand public et le support de nombreuses actions de conservation d’espèces rarissimes, parfois éteintes en nature, menées par le Conservatoire.

 

La collection générale du CBNB compte exactement 4 847 taxons originaires du Massif armoricain et du monde entier, notamment des archipels océaniques telles la Macaronésie, les Mascareignes, les îles Juan Fernandez, mais aussi des hotspots de biodiversité comme les Caraïbes, les Andes tropicales, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Madagascar, l’Afrique du Sud, etc. Parmi ces 4 847 taxons, 1813 sont particulièrement menacés par les activités humaines, dont 61 ont déjà disparu dans la nature.

 


Conservation de graines par congélation © L. Ruellan (CBN Brest)

La conservation de toutes ces espèces en danger d'extinction dans leurs habitats naturels d'origine nécessite absolument leur mise en culture dans des jardins ou conservatoires botaniques afin de garantir leur survie et de réaliser ensuite des programmes de retour dans des milieux naturels restaurés. Cette branche de la conservation est appelée conservation "ex situ", c'est à dire "en dehors du milieu naturel". Entretenue par une équipe de 10 jardiniers de Brest Métropole, la collection du Conservatoire botanique ainsi constituée représente un patrimoine vivant et une ressource biologique irremplaçables tant pour la connaissance du monde végétal et de ses usages potentiels que pour la conservation de la diversité végétale. 

 


Culture in vitro de Cylindrocline lorencei © C. Le Guillou (CBN Brest)

 

Des serres tropicales au jardin conservatoire

De très nombreuses espèces végétales sont présentées au public dans les 1 000 m² de serres tropicales. Nombre d’entre-elles ont pour origine géographique les îles océaniques, particulièrement fragiles et sensibles aux modifications de l'environnement et du climat.  On peut citer Sophora toromiro, originaire de l'île de Pâques, ou Mellissia begoniifolia de l’île de Sainte-Hélène, tous deux éteints en nature, le Conservatoire étant l’une des très rares institutions botaniques à détenir ces exemplaires vivants en culture. Le continent sud-américain est également bien représenté avec, par exemple, Hohenbergiopsis guatemalensis, Broméliacée originaire du Guatemala et du Mexique où il est en danger de disparition. Le hotspot Madagascar-Mascareignes, où le Conservatoire appuie de nombreux programmes de conservation de la flore, est aussi mis en lumière avec Dombeya rodriguesiana, un arbre endémique de l’île Maurice aujourd'hui éteint en nature ou Delonix velutina, un arbre malgache en danger d'extinction.

 


Serre des île océaniques subtropicales © L. Ruellan (CBN Brest)

 

Parmi les espèces cultivées sur les 30 hectares du jardin, on peut observer de nombreux arbres tel Carpinus hebestroma, endémique de Taïwan en danger critique, Nothofagus alessandrii (en danger au Chili), Abies nebrodensis et Zelkova sicula (en danger critique en Sicile), Juniperus brevifolia (vulnérable aux Açores), Magnolia zenii (en danger critique en Chine), Wollemia nobilis (espèce relique en danger critique en Australie) ou bien encore les magnifiques et emblématiques Séquoias géants, en danger en Californie et tant d'autres.


Abies nebrodensis © L. Ruellan (CBN Brest)

 

Le Conservatoire possède également une collection nationale agréée par le CCVS (Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées), celle des genres océaniques menacés. Elle comprend 38 taxons (dont 20 sont inscrits sur la liste rouge de l’UICN) comme Argyranthemum, Dendroseris ou Semele.

De nombreuses autres espèces présentées au public sont particulièrement rares en culture (sans être menacées en nature) et présentent un développement déjà important qui en font des ligneux d’exception : Rosa gigantea, Ilex hookeri, Illicium merrillianum, Aralia undulata, Dacrydium cupressinum, etc.

 

Une collection d'intérêt pédagogique majeur

Cette collection est aussi le support d’activités éducatives menées par le Conservatoire botanique. Près de 5 000 élèves ont été accueillis en 2023 dans les serres ou lors d'ateliers pédagogiques afin de les sensibiliser à l'importance de la conservation des espèces végétales et des milieux naturels, et plus largement à l'importance du végétal dans nos vies. Plus de 7 000 individuels ont également pu découvrir les serres de façon autonome ou participer à des visites guidées des serres ou du jardin.


Visites des serres par des scolaires © L. Ruellan (CBN Brest)

 

Pour permettre cette sensibilisation, des nombreuses espèces menacées, emblématiques ou illustrant la diversité du monde végétal (orchidées, plantes myrmécophiles, succulentes, épiphytes, ou carnivores) sont présentées au public. Cultivé dans les serres de Brest, l’Arum titan (Amorphophallus titanum) a notamment attiré des milliers de visiteurs lors de ses impressionnantes floraisons.


Floraison de l'Arum titan ©L. Ruellan (CBN Brest)

 

 

 

 

 

 

Le Catalogue de la végétation de France métropolitaine est un projet du 𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐚𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐞𝐫𝐯𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐛𝐨𝐭𝐚𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐮𝐱 (𝐂𝐁𝐍), réalisé en collaboration avec l'Office français de la biodiversité et PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD).

Ce catalogue a vocation à devenir un outil de référence pour les acteurs de la conservation de la nature à l'échelle locale comme nationale, en servant de base pour la cartographie de la végétation, l'évaluation patrimoniale, l'éligibilité des habitats à la directive de l’union européenne « Habitats, Faune, Flore », l'évaluation de l'état de conservation, etc.

La publication de cette première version du catalogue 𝐦𝐚𝐫𝐪𝐮𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐩𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐮𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐥'𝐚𝐜𝐭𝐮𝐚𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐯𝐞́𝐠𝐞́𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧. Elle s’appuie sur les catalogues régionaux des CBN, les publications du Prodrome des végétations de France, ainsi que d’autres travaux phytosociologiques. La classification de ce catalogue de la végétation de France métropolitaine contient :
• 𝟖𝟏 𝐜𝐥𝐚𝐬𝐬𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝟐 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐜𝐥𝐚𝐬𝐬𝐞𝐬 ;
• 𝟏𝟔𝟐 𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝟏𝟔 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐨𝐫𝐝𝐫𝐞𝐬 ;
• 𝟒𝟖𝟒 𝐚𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝟏𝟒𝟓 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐚𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬.

Le catalogue donne aussi la liste des synonymes des unités supérieures. Il présente un 𝐚𝐭𝐥𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐞, 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐚𝐥𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐦𝐞́𝐭𝐫𝐨𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐚𝐢𝐧𝐞. Enfin, le catalogue fournit une comparaison au catalogue européen de la végétation (EuroVegChecklist).

Ce catalogue est voué à être évolutif. Il vise à élaborer et diffuser 𝐮𝐧 𝐫𝐞́𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐭𝐢𝐞𝐥 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐥𝐞𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐲𝐧𝐭𝐚𝐱𝐨𝐧𝐬 𝐣𝐮𝐬𝐪𝐮’𝐚𝐮 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐬𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐯𝐞́𝐠𝐞́𝐭𝐚𝐥𝐞, et ainsi améliorer significativement la connaissance des végétations présentes sur le territoire métropolitain. De nombreux commentaires ont été apportés pour les syntaxons afin de signaler les difficultés rencontrées. Des mises à jour régulières permettront notamment de traiter les problèmes et questionnements soulevés exprimés dans les commentaires, d’intégrer les travaux phytosociologiques les plus récents, de consolider le synsystème jusqu’au niveau de l’association, de décrire les syntaxons d’un point de vue floristique et écologique.

📥 𝗧𝗲́𝗹𝗲́𝗰𝗵𝗮𝗿𝗴𝗲𝘇 𝗹𝗲 𝗰𝗮𝘁𝗮𝗹𝗼𝗴𝘂𝗲

Chaque année, les membres du réseau des bénévoles du Conservatoire botanique de Brest se réunissent avant d'entamer la nouvelle saison de terrain.

Ce rendez-vous très attendu est l'occasion de se retrouver dans une ambiance conviviale, de partager les découvertes et d'échanger sur les sujets de botaniques.


Convivial mais néanmoins studieux, puisqu'avant une sortie botanique organisée l'après-midi, la matinée est consacrée à la présentation des découvertes sur le territoire du Massif armoricain et de ses marges.

▶️▶️ Retrouvez l'ensemble des bilans annuels

 

La Laiche des Hartman (Carex hartmaniorum A. Cajander, Syn : C. hartmanii A. Cajander nom invalide)


Carex hartmaniorum épi femelle © David Hamon

Cette Laiche, peu connue en France, se range dans le groupe des Laiches hétérostachyées (épis morphologiquement différents entre eux) avec des épis bicolores (utricules verts et écailles brun pourpre foncé) : un épi terminal bisexué à fleurs mâles dans la partie inférieure (parfois entièrement mâle ce qui peut porter à confusion) et 3 à 5 épis généralement entièrement femelles. Cette espèce est plutôt variable. Pour cette raison, de loin (certains rajouteront « par temps de brouillard avec des lunettes de soleil »), cette laiche pourrait être prise pour une Laiche noire (Carex nigra). Autant on arrivera sans mal à distinguer ces deux espèces, autant on aura un peu plus de mal à différencier la Laiche des Hartman de sa cousine qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau : la Laiche de Buxbaum (Carex buxbaumii).

 

La Laiche des Hartman est rare en France, avec un noyau dans la région Centre, quelques stations en Alsace-Lorraine, dans l’Est du Massif-Central, dans le Sud-Est et dans les Pyrénées-Orientales. Elle se rencontre dans des prairies humides acidiclines.


Carex hartmaniorum inflorescence © David Hamon

Avec seulement une donnée ancienne dans la Manche en 1896 par Corbière pour tout l’ouest de la France, ce fut donc une énorme surprise que de la rencontrer lors d’une journée découverte des Carex organisée par Anjou Bota le 8 juin dans une prairie humide de la Forêt de Monnaie à Longué-Jumelles (Maine-et-Loire). Cette première station, comportant un grand nombre d’individus, a été estimée à 200-300 tiges fleuries, et elle a été complétée 3 jours plus tard par une autre station située à 800 mètres de la première, et ne comportant qu’une vingtaine de pieds fleuris. Les deux stations étant situées dans des parcelles dont la fauche a été arrêtée il y a quelques années, elles sont menacées de disparition à court terme si une fauche tardive avec exportation n’est pas réalisée rapidement. Par chance, elles sont toutes les deux situées dans un Espace Naturel Sensible géré par l’ONF qui va donc être sensibilisé à la gestion de ces stations.

 

La question est maintenant de savoir pourquoi cette Laiche est passée inaperçue durant tout ce temps alors que ces prairies avaient déjà reçu des visites de botanistes. Peut-être a-t-elle été prise pour une laiche mal formée ou rabougrie, voire un hybride. En tout cas, elle est à rechercher en commençant par les prairies humides de fauche à proximité de ces deux premières stations. Ces espèces compagnes trouvées dans les deux stations peuvent aider la recherche de nouvelles stations : Carex panicea, Carex hirta et Carex flacca subsp. flacca, Cirsium tuberosum, Succisa pratensis ou encore Trocdaris verticillatum. Nous invitons les botanistes de l’Ouest à ouvrir l’œil !

 

Contacts : David Hamon Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Émilie Vallez Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Le Conservatoire botanique national de Brest est très heureux d'accueil dans son jardin les animations qui marqueront la clôture de la Fête de la nature 2024, qui s'installe sur le territoire de Brest métropole.

 

Retrouvez le programme du dimanche 26 mai

et le programme de l'ensemble des animations du 22 au 26 mai 2024