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Ce début d'année est marqué par la mise en ligne de la version 15 de TaxRef. Il s'agit du référentiel français sur la faune, la flore et la fonge de métropole et d'outre-mer tenu à jour par le Muséum national d'histoire naturel. Ce n'est pas une mince affaire. C'est le fruit d'un travail collectif de longue haleine auquel contribuent fortement les Conservatoires botaniques nationaux.

 

L'implication essentielle des CBN

Depuis 2019, le CBN Alpin anime l'important travail de mise en réseau des 12 CBN de France autour de la thématique de la flore.

Ce travail consiste en particulier à vérifier et compléter la liste des synonymes des taxons, et à intégrer les évolutions des noms scientifiques, en lien notamment avec Flora Gallica et sa mise à jour en cours. L'objectif est également d'intégrer toutes les découvertes faites par les CBN et leurs réseaux d’observateurs sur le terrain ou lors de dépouillements bibliographiques notamment.

De nouveaux taxons pour la flore de France ont ainsi été ajoutés au référentiel national et la situation de certains taxons dont la présence en métropole était considérée comme "douteuse" a été clarifiée. Ce travail se poursuit au long cours, en avançant en particulier sur les genres dont les connaissances taxonomiques sont lacunaires. Tous ces éléments sont très utiles, tant au niveau local qu’à des échelles plus vastes.

 

Et en régions ? Ce travail est essentiel puisqu'il nourrit les référentiels territoriaux. Au CBN de Brest, il permet de parfaire le référentiel sur la flore de l'Ouest de la France (R.N.F.O.) et son catalogue floristique (présence, indigénat..). 

 

 

Mieux comprendre TaxRef

Le référentiel taxonomique national TaxRef est crucial pour les botanistes et les scientifiques face aux noms foisonnants de plantes et leur évolution dans le temps. Il permet d’avoir accès aux noms valides et d’en connaître le niveau taxonomique (espèce, sous-espèce...).

La version 15 de TaxRef est maintenant disponible et recense 199 880 espèces en France dont 108 151 en métropole et 98 534 en outre-mer. 5 400 espèces ont été ajoutées depuis la dernière version il y a un an, majoritairement en outre-mer, principalement en milieu marin, mais les ajouts et améliorations ont touché un très large panel de la biodiversité.

La faune du sol s'enrichit notamment du genre de ver de terre Gatesona endémique du Massif central comptant pas moins de huit espèces !

Un important travail a également eu lieu sur les champignons grâce à l'API d'Index Fungorum.

 

Contact

Julien Geslin
Référent interrégional flore
Conservatoire botanique national de Brest
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En 2022, le réseau des Conservatoires botaniques nationaux prend un nouvel élan.

Des missions renforcées

À travers la parution du Décret n° 2021-762 du 14 juin 2021, les missions des Conservatoires botaniques nationaux en faveur de la diversité végétale et fongique, reconnues d'intérêt général, sont renforcées.

Portées par un réseau de 12 Conservatoires botaniques nationaux et émergents déployé sur tout le territoire métropolitain et d’outre-mer, ces missions se déclinent en 5 grands axes.

 

 

 

Une nouvelle identité graphique

Un nouveau logo plus épuré et construit autour d’un acronyme commun...

En 2022, les Conservatoires botaniques nationaux (CBN) déploient une nouvelle identité graphique traduisant le renforcement du réseau national. Cette ambition collective est symbolisée par un ensemble de plantes volubiles, liant l’acronyme "CBN", et dont les feuilles changeront de couleur selon les établissements dans les déclinaisons territoriales.

 

Le Iogo du CBN de Brest évolue aussi !

Dans cette dynamique et à l'instar de l'ensemble des Conservatoires botaniques nationaux de France, notre logo s'est lui aussi transformé. Nous profitons donc des voeux pour vous le dévoiler. Il s'installera progressivement dans nos supports, outils et applications.

 

 

Meilleurs voeux

 

 

Que 2022 nous réunisse et nous engage dans un nouvel élan au service de la connaissance et de la préservation de la biodiversité.

Frédérique Bonnard Le Floc’h, présidente,
et les membres du Comité syndical

Dominique Dhervé, directeur général,
et l’équipe du Conservatoire botanique national de Brest

 

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Bonne nouvelle ! Ce n’est pas tous les jours qu’une plante protégée nationale, d’intérêt communautaire et non revue depuis 1964 dans l'Ouest de la France est retrouvée ! Son petit nom : Lindernie rampante (Lindernia procumbens). Elle vient d’être redécouverte en Anjou, à Montreuil-Juigné, au nord d’Angers.

 

Mais quelle est donc cette plante ?

La Lindernie rampante (Lindernia procumbens) est une plante pionnière vivant sur les vases et sables vaseux humides des rivières, cours d’eau, étangs mis à nu à la saison estivale.

Il s’agit d’une plante d’intérêt européen, protégée en France et considérée comme disparue des Pays de la Loire.

 

Une redécouverte importante pour l'Ouest de la France

La plante était alors connue seulement :

  • En Mayenne, la plante n’a été vue qu’exceptionnellement sur les deux rives de la Mayenne à Entrammes et Château-Gontier et jusqu’au tout début du 20e siècle seulement, sans doute du fait de travaux pour canaliser la rivière.
  • En Loire-Atlantique, elle était observée au 19e siècle sur les vases de la Loire en période d'étiage.
  • En Anjou, elle était considérée comme rare sur les bords de la Loire, la Maine, la Mayenne, l’Oudon… Dès les années 1870, les botanistes angevins s’alarmaient de sa disparition progressive et la Lindernie rampante est devenue exceptionnelle au début du 20e : Marcel Piron la signalera pour la dernière fois en 1964, à Saumur.

Finalement, après plus de 50 ans sans nouvelle, la plante est redécouverte en septembre 2021 sur le territoire d'Angers Loire Métropole à Montreuil-Juigné par Julien Geslin en relative abondance mais sur une surface limitée.

Si sa présence est aujourd’hui attestée en ce lieu, il est possible qu’elle ait été observée au début des années 2000 où Aurélia Lachaud et Pascal Lacroix signalaient un pied de la Lindernie rampante dans la même localité. Après échange, la donnée n’avait finalement pas été prise en compte dans l’Atlas de la flore de Maine-et-Loire du fait des doutes sur l’identité de la plante. Aujourd’hui, nous revenons donc sur ce choix à l'appui de critères discrimants observés à l'époque sur ce pied unique et considérons comme plausible l’existence de la plante en 2001.

Proche morphologiquement d’une espèce américaine, la Lindernie fausse gratiole (Lindernia dubia), avec laquelle elle peut être confondue, la Lindernie rampante est à rechercher car elle pourrait se maintenir ponctuellement et pourrait passer inaperçue à travers les tapis denses de l’espèce voisine non indigène.


Lindernia procumbens à gauche et Lindernia dubia à droite © Julien Geslin (CBN de Brest)

 

En Pays de la Loire • La Lindernie rampante était jusqu'alors recensée sur 13 communes. Pour consulter sa répartition, rendez-vous sur l'application eCalluna.

 

Aux petits soins

La plante va faire l’objet d’un suivi et des mesures de conservation vont être étudiées en lien avec les acteurs locaux.

Plus d’informations à venir dans le bilan des découvertes à paraître dans notre revue E.R.I.C.A. au printemps 2022.

 

Contact

Julien Geslin
Chargé d'études flore
Antenne Pays de la Loire
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Cet automne, le Conservatoire botanique a validé et entré dans son système d'information une observation inédite. Celle de Mikaël Tréguier du bureau d'études Aquascop qui vient de détecter la Wolffie de Colombie (Wolffia columbiana), une minuscule plante aquatique jusqu'alors inconnue dans l'Ouest de la France.

 

Quelle est donc cette plante ?

Le genre Wolffia est un groupe de lentilles d’eau comprenant les plus petites plantes à fleurs connues au monde d'une taille de l’ordre du millimètre.

Jusqu’à présent, seule Wolffia arrhiza était connue et indigène en France. Récemment, la connaissance a progressé avec la détection de deux nouvelles espèces exotiques : Wolffia globosa (originaire d'Asie) et Wolffia columbiana (originaire d'Amérique).

Cette dernière, signalée pour la première fois en France en 2020 par le Conservatoire botanique national de Bailleul, a été observée cette fois-ci du côté d'Angers en octobre 2021 par Mikaël Tréguier (Aquascop).

Wolffia columbiana, si petite, en compagnie d'autres lentilles d'eau
 © Mikaël Tréguier (Aquascop)

 

Aidez-nous à collecter de nouvelles observations sur cette plante • Nous attirons l’attention des botanistes sur ces minuscules plantes et proposons des références récentes pour faciliter leur identification à lire dans notre espace d'aide à la détermination. Distinguer les différentes espèces de Wolffie n'est pas facile, il faut se munir d'une bonne loupe binoculaire et d'un microscope.

L'Observatoire de la flore du Conservatoire

L’Observatoire est un dispositif mutualisé et collaboratif, créé à l’initiative du Conservatoire botanique national de Brest à partir des années 1990, afin de constituer et d’entretenir sur le long terme un socle de connaissances fiables et objectives sur l’état et l’évolution de la flore et des lichens dans l’Ouest de la France.

Cet Observatoire s'appuie sur des femmes et des hommes répartis sur 12 départements de l'Ouest de la France, dont le Maine-et-Loire. Il regroupe dans son système d'information toutes les observations des botanistes et des organismes qui souhaitent participer à l'amélioration des connaissances et la préservation du végétal sauvage.

La donnée sur la Wolffia de Colombie intègre ainsi les 6,7 millions d'observations déjà collectées.

 

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Dans le nouvel épisode de Sur Le Front diffusé dimanche 24 octobre à 20h55 sur France 5, Hugo Clément vous emmène à la rencontre des combattant.e.s qui se mobilisent pour la préservation de nos plantes. Vous y verrez Stéphane du Conservatoire botanique au chevet du Cylindrocline lorencei.

 

Éditorial d'Hugo Clément

"Lorsque l’on évoque les espèces qui disparaissent sur terre, on pense immédiatement aux rhinocéros d’Afrique ou aux ours polaires, mais rarement aux plantes. Alors que des espèces végétales sont en danger au pied de chez nous. Non seulement ces espèces forment des fleurs magnifiques, mais elles sont surtout essentielles à nos écosystèmes : premier maillon de la chaîne alimentaire, régulatrices naturelles ou productrices d’oxygène. Il faut les préserver.

Pour certaines d’entre elles, il est déjà trop tard : la Violette de Cry, qui ne vivait que dans l’Yonne, s’est éteinte définitivement. Elle a disparu de notre planète. Si nous n’agissons pas rapidement, des dizaines d’autres pourraient suivre. Rien qu’en France métropolitaine, 700 espèces végétales sont aujourd'hui menacées. Dérèglement climatique, raréfaction des terres, cueillette intensive, prolifération d’espèces invasives, à travers notre enquête, j’ai réalisé que la majorité des causes du recul des plantes est d’origine humaine. J’ai été impressionné de découvrir qu’autant de citoyens se battent, aux quatre coins de la France.

Thierry Andrieu surveille les somptueux sabots de Vénus comme on veillerait sur une œuvre d’art. Laureen Keller se bat pour que l’emblématique astragale de Marseille prospère à nouveau dans les Calanques et qu’elle ne soit pas étouffée par les espèces envahissantes. Nicolas Puech, apiculteur dans les Pyrénées, envoie des graines par courrier dans tout le pays. Il veut tous nous inciter à planter des fleurs des champs chez nous pour que les abeilles puissent butiner.

Surtout, j’ai découvert des histoires fascinantes ! Saviez-vous qu’à Brest un botaniste a réussi à ressusciter une plante ? Stéphane Buord a pu faire renaître la Cylindrocline grâce aux biotechnologies et au clonage alors qu’en 1990 cette espèce était considérée comme éteinte. Nous avons pu suivre la réintroduction de cette miraculée dans son milieu d’origine à l’île Maurice. Un message d’espoir comme on aimerait en filmer plus souvent. Nous pouvons tous contribuer à la sauvegarde d’espèces menacées, en plantant des fleurs locales. Commençons par fleurir nos balcons et nos jardins avec des coquelicots ou des bleuets."

 

Séquence sur le Conservatoire botanique

 

Une grande première à Brest : des scientifiques ressuscitent une plante

 

 

Les scientifiques du Conservatoire botanique national de Brest ont réalisé l’impossible : ramener à la vie une plante officiellement disparue depuis 1990. Grâce à une nouvelle technique proche de la PMA (procréation médicalement assistée), la Cylindrocline, dont des graines ont été congelées en Bretagne pendant des décennies, est réapparue. Notre équipe a accompagné son retour très attendu vers son lieu d’origine, l’île Maurice.

 

 

Stéphane s’est consacré des années à la renaissance de la Cylindrocline, petite plante verte de l’île Maurice, disparue depuis des décennies. Le miracle s’est produit et la plante est de retour sur son lieu natal. « Le Cylindrocline, elle est revenue d’entre les morts. » 

 

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Contact

Stéphane Buord
Directeur scientifique des actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
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