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Le Conservatoire botanique national de Brest et le Conservatoire des espaces naturels (CEN) des Pays de la Loire ont signé une convention de partenariat permettant de mettre en synergie leurs compétences complémentaires. Des travaux communs sont menés pour améliorer les connaissances de la flore et de la végétation et pour engager des programmes de préservation de la biodiversité végétale en Pays de la Loire.

 

Dans le cadre de l’actualisation de la stratégie foncière du CEN, visant à prendre en compte les espaces et espèces rares et menacées dans la gestion des espaces naturels, le Conservatoire botanique a établi une synthèse des données historiques et actuelles concernant 606 taxons végétaux à fort enjeu de conservation dans la région. Plus de 80 000 données ont été ainsi rassemblées, provenant d’inventaires floristique et phytosociologiques de terrain et de diverses études bibliographiques. Le CBN de Brest a procédé préalablement à la validation de toutes les données de terrain et à la mise à jour nomenclaturale des données les plus anciennes. Ces données sont ainsi devenues conformes aux normes techniques nationales du SINP (Système d’information de l’inventaire du patrimoine naturel).

Elles permettront au CEN, en collaboration avec le CBN de Brest, de définir les sites à enjeu de conservation prioritaire et d’y engager des mesures de préservation de la flore rare et menacée et de ses habitats.

 


Dactylorhiza elata © Hermann Guitton (CBN de Brest)

 


Eriophorum latifolium © Hermann Guitton (CBN de Brest)
 
 

Prairie tourbeuse alcaline du Cirsio dissecti - Schoenetum nigricantis
dans un site géré par le CEN des Pays de la Loire : le bas-marais de la Gigotière à Savigné-sous-le-Lude (72)
© H. Guitton (CBN Brest)

 

 

 

Dans le cadre de son partenariat 2023-2026 avec le département de la Vendée, l’antenne Pays de la Loire du CBN de Brest réalise pour la deuxième année consécutive, des prospections visant à préciser et actualiser les connaissances sur 313 plantes à fleurs à enjeu “modéré à majeur” en Vendée.


Programme d’actualisation des connaissances sur les plantes vasculaires à enjeu en Vendée.
© Fabien Dortel (CBN de Brest)

 

L’objectif est de disposer, d’ici la fin 2026, d’une cartographie actualisée des enjeux liés à la présence de plantes vasculaires à la maille de 1km sur 1km, à l’échelle de la Vendée. Par ailleurs, préciser la localisation des stations des espèces les plus menacées permet au Département d’affiner sa stratégie foncière et de renforcer son réseau d’« Espaces naturels sensibles ». Ces recherches sont également indispensables pour pouvoir ajuster et réactualiser la liste rouge des plantes vasculaires menacées en Pays de la Loire qui aura 10 ans en 2025.

 

Ces premières prospections ont déjà montré les signes d’une forte régression des plantes de milieux oligotrophes humides et/ou tourbeux par rapport aux années 1990-2000, en lien avec les transitions agricoles. En parallèle, il apparait que se maintiennent bien la plupart des espèces de dunes, milieux remarquables mieux protégés de nos jours. C’est le cas du Cynoglosse des Dunes (Iberodes littoralis), endémique franco-atlantique qui s’est remarquablement développée en 2024 à la faveur d’un printemps très humide. Dans le même temps, le réseau de botanistes correspondants et de partenaires techniques du CBN de Brest poursuit son travail de veille en prospectant de nouveaux territoires, avec quelques belles surprises comme la découverte d’une très importante station de Catabrose aquatique (Catabrosa aquatica) dans le haut-bocage vendéen par le CPIE Sèvre-et-Bocage. Cette graminée des ruisseaux et bourbiers est en danger dans la région et en forte régression en France dans les régions de plaine.

 


Le Cynoglosse des dunes :  floraison exceptionnelle sur les dunes vendéennes en 2024
© Julien Geslin (CBN de Brest)

Une très importante station de Catabrose aquatique découverte dans le haut-bocage vendéen en 2023
© Julien Geslin (CBN de Brest)
 

 

 

La dernière cartographie de la végétation des îles et îlots de l’archipel des Glénan datant de 2004, elle nécessitait une mise à jour. Une nouvelle cartographie a été engagée ; elle permettra d’actualiser le diagnostic écologique du site Natura 2000 et enrichira le dossier scientifique du projet d’extension de la réserve naturelle.

Depuis le mois d’avril, les botanistes du Conservatoire se sont rendus à plusieurs reprises sur site pour réaliser la cartographie et compléter l’inventaire des groupements végétaux à travers la réalisation de relevés phytosociologiques. 2024 s’est avérée une excellente année pour les plantes annuelles, très abondantes dans les pelouses dunaires de l’archipel. La floraison du Cynoglosse des dunes (Iberodes littoralis, anciennement nommé Omphalodes littoralis) fut ainsi exceptionnelle.

Merci à la chargée de mission Natura 2000, à l’équipe de la réserve naturelle, à l’OFB et aux agents de la commune pour leur soutien logistique, notamment pour les trajets en bateau, l’hébergement à Saint-Nicolas et les liens avec les propriétaires et gestionnaires des îles.

Cette étude est réalisée pour le compte de la Communauté de communes du Pays Fouesnantais, opérateur Natura 2000, et bénéficie d’un soutien du Fonds vert.


© Elise Laurent (CBN Brest)

 


© Eva Burguin (CBN Brest)

 


© Vincent Colasse (CBN Brest)
 

 

Le CBN de Brest mène actuellement, pour la deuxième année consécutive, une campagne d’expertise sur les végétations des pelouses, des landes et des tourbières incendiées en 2022 sur les sites des monts d’Arrée, du Menez Hom (Finistère) et de Campénéac (Morbihan). Il a également engagé, pour la première année, un suivi des landes et pelouses de Pluherlin (Morbihan) incendiées en 2023. Certaines espèces végétales à forte valeur patrimoniale font l’objet d’une attention particulière, comme le Malaxis des marais (Hammarbya paludosa), orchidée emblématique des monts d’Arrée, classée en danger sur la liste rouge de Bretagne, ou le Lycopode sélagine (Huperzia selago), petite fougère, classée en danger critique sur la liste rouge de Bretagne, dont plusieurs stations ont été incendiées.


Suivi incendie monts d'Arrée, bryologue © Marie-Violaine Caillaud (CBN Brest)

 


Hammarbya paludosa, un pied réchappé de l'incendie dans les monts d'Arrée.
© Marie-Violaine Caillaud (CBN Brest)

 

L’objectif est de suivre l’impact des incendies sur ces végétations et ces espèces rares et menacées, d’en saisir les dynamiques, d’étudier leur capacité de résilience et de proposer, si nécessaire, d’éventuelles mesures de gestion ou de restauration. Ces suivis de végétation et de plantes à forte valeur patrimoniale s’inscrivent sur plusieurs années et les résultats seront croisés avec les études dédiées à la faune et aux paysages.


Suivi pelouse d'affleurement rocheux, dans les monts d'Arrée
© Marie-Violaine Caillaud (CBN Brest)

 

Ces suivis sont financés par les Départements du Finistère et du Morbihan, en partenariat avec le Parc Naturel Régional d’Armorique, le Syndicat de Bassin versant de L’Elorn, l’Université de Bretagne occidentale et de nombreux acteurs naturalistes.

 


Suivi lande au Menez Hom © Marie-Violaine Caillaud (CBN Brest)

 

Chaque année, les botanistes et phytosociologues du CBN de Brest se retrouvent sur le terrain pour échanger sur des questions de botanique, d’écologie ou de phytosociologie. Ces rencontres annuelles de 2 jours offrent un moment de formation interne, de convivialité et de cohésion d’équipe entre les antennes régionales du Conservatoire botanique. Elles sont aussi l’occasion de découvrir des sites à fort intérêt floristique ou écologique. La session interne de juin 2024 s’est déroulée dans les marais de Brière, en Loire-Atlantique, avec le concours de Matthieu Marquet du Parc naturel régional (PNR) de Brière.

 

Le premier jour de session a permis de découvrir les prairies et les pelouses oligotrophiles de la Butte aux Pierre à Saint-Joachim, île en partie recouverte de tourbe, présentant des affleurements leucogranitiques, qui émergent au cœur des 7 000 hectares des marais indivis de la Grande Brière Mottière (particulièrement inondés en ce printemps 2024 !). Quelques espèces rares ont pu être notées : l’Ophioglosse des Açores (Ophioglossum azoricum), la Canche sétacée (Aristavena setacea), la Renoncule grande douve (Ranunculus lingua), la Stellaire des marais (Stellaria palustris), la Cardamine à petites fleurs (Cardamine parvioflora), notamment.

 

Dans les marais du Gué, à la Chapelle des marais, le lendemain, la problématique du maintien des prairies inondables en système d’élevage a été abordée à l’occasion d’un échange avec le PNR de Brière et l’un des deux éleveurs encore en activité sur la commune (là où ils étaient une dizaine au début des années 2000). Ces prairies tourbeuses et leur réseau de canaux et fossés présentent un fort intérêt patrimonial avec la présence de nombreuses espèces rares et menacées comme la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), le Flûteau nageant (Luronium natans), la Renoncule toute blanche (Ranunculus ololeucos), etc. Il est aujourd’hui urgent de trouver les conditions du maintien de ces prairies tourbeuses en conciliant leurs potentialités écologiques, leurs usages agricoles et une bonne gestion des niveaux d’eau.


La Renoncule toute blanche (Ranunculus ololeucos),
Marais du Gué à la Chapelle des Marais (44) © H. Guitton (CBN de Brest)

 

 


Ophioglosse des Açores (Ophioglossum azoricum),
la Buttes aux Pierres à Saint-Joachim (44) © J. Geslin (CBN de Brest)

 

 


Niveau d’eau exceptionnellement haut pour ce printemps 2024
au Pont Brûlé à Crossac (44) © H. Guitton (CBN de Brest)

 


Deschampsia setacea, la Buttes aux Pierres à Saint-Joachim (44)
© J. Geslin (CBN de Brest)

 

 

L’équipe du CBN sur le canal menant à la Butte aux pierres,
embarquée dans la barge habituellement destinée au bétail !
© Marie Caillaud (CBN de Brest)

 

Photo d'en-tête : Les botanistes et phytosociologues du CBN de Brest en compagnie de Matthieu Marquet (PNR de Brière) et de Richard Gascoin (agriculteur sur le Marais du Gué). © Brune Luneau (CBN de Brest)