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Le Conservatoire botanique national de Brest, en partenariat avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et la Région Normandie, a proposé et mis en œuvre un projet de connaissance, d’identification et d’élaboration d’outils de reconnaissance des végétations de zones humides pour les acteurs locaux.

 

Initié sur la vallée de la Sélune en 2013, ce programme s’est développé sur l'ensemble des bassins versants des Bocages normands, en intégrant l’ensemble des végétations de zone humide.

Les outils ont été élaborés et testés sur les bassins versants de l’Orne et de la Dives en 2014-2016 (Laville et Juhel, 2017). L’étude s’est poursuivie ensuite sur les bassins côtiers de la Manche et les bassins versants de la Sée et de la Sienne en 2017-2018 (Laville, 2018), puis en 2019-2020 sur les bassins versants de la Vire et de la Seulles (Laville, 2021). Ce programme d’inventaire s’est terminé sur les bassins versants de la Douve et de la Touques en 2021 et 2022 (Demarest, Goret et Prey, 2023).


Les marais de l’Ay sur la commune de Lessay (50) © T. Prey

L'objectif principal de l’étude est de réaliser un outil pertinent et adapté d’identification des végétations des zones humides à destination des acteurs locaux de la préservation et de la gestion de ces milieux. Cet outil doit permettre d'évaluer l'état de conservation des zones humides en proposant des indicateurs sur la qualité écologique des habitats humides terrestres et aquatiques. La présence d'une végétation donnée à un endroit donné renseigne sur les caractéristiques écologiques, physiques (sol, climat, hydrologie...), dynamiques du secteur étudié. C'est donc ce caractère "intégrateur" de la  végétation qui en fait un outil de compréhension et de description des habitats. Cette étude a permis de compléter et de développer la connaissance sur les végétations de zones humides du territoire bas-normand (écologie, répartition, fréquence, localisation, dynamique et état de conservation).

Ce programme a permis de compléter et de développer la connaissance sur les végétations de zones humides du territoire bas-normand (écologie, répartition, fréquence, localisation, dynamique et état de conservation). Il constitue également un fondement pour structurer et compléter la connaissance des zones humides dans l’objectif d’accompagner les acteurs de la préservation des zones humides de Normandie. Il pourra ainsi contribuer à la mise en place d’indicateurs pour l’évaluation de l’état de la biodiversité des zones humides. C’est enfin un outil scientifique et pédagogique à valoriser pour la formation de l’ensemble des acteurs travaillant sur cette thématique.

Retrouvez l'ensemble des guides dans notre boîte à outils

 

 

LHyménophyllede Wilson (Hymenophyllum wilsonii) est une fougère discrète extrêmement rare et menacée en France. Evaluée en danger sur les listes rouges UICN aux niveaux national et régional, cette espèce protégée est recensée en seulement 6 localités françaises dont 5 en Bretagne. Le premier état des lieux complet de l’ensemble de ses localités a été réalisé cet automne par le CBN de Brest et son réseau de correspondants bénévoles, ainsi que les chargés de mission Natura 2000 des sites concernés, permettant de préciser l’état de conservation de ses populations.


 © Gaëtan Masson - CBN Brest

Recensée dans le monde en Europe atlantique et en Macaronésie, lHyménophyllede Wilson est connue en France en seulement trois départements : la Manche où l’espèce n’a pas été réobservée depuis 1992, les Côtes-d’Armor et le Finistère.Cette fougère s’observe principalement au sein de chaos granitiques du centre Bretagne, ainsi que sur les crêtes rocheuses des monts d’Arrée. Ces biotopes bénéficient d’un climat océanique et d’une atmosphère saturée en humidité. Ces conditions sont propices au développement de cortèges d’espèces hyper-atlantiques regroupant plusieurs fougères et bryophytes à fort enjeu de conservationnotamment.

Au sein de ses stations, l’Hyménophyllede Wilsonforme généralement des petits « placages » verticaux sur les roches, en mélange avec plusieurs espèces de mousses et d’hépatiques. Au total, l’ensemble des populations françaises d’Hymenophyllum wilsoniicumulent une surface de moins de 20 m² ! Elles apparaissent globalement en bon état de conservation, mais une petite partie présente un état de conservation moyen voire mauvais. Les principales atteintes identifiées pour cette espèce sont :

  • Le piétinement, la fréquentationet l’arrachage ;
  • La concurrence végétale (en particulier par des espèces de mousses telles que Thuidium tamariscinumou Rhytidiadelphus loreus)
  • L’accumulation de litière (feuilles mortes, branchages, végétaux et lichens décomposés) pouvant localement étouffer les stations d’Hymenophyllum wilsonii et/ou favoriser le développement de végétaux plus concurrentiels ;
  • La baisse de l’humidité générale au sein des stations, pouvant être due à des modifications du fonctionnement hydraulique (barrages et prélèvements d’eau potable en particulier) notamment.

 

© Emmanuel Reymond association Cicindèle

La surveillance des populations de l’Hyménophylle de Wilson permettra d’année en année de suivre finement l’évolution de leur état de conservation, indicateur pertinent pour veiller à la pérennité de cette espèce pour laquelle la Bretagne porte une forte responsabilité.

 

Retrouvez la répartition de l’espèce sur eCalluna


 

 

La Présidente du Conservatoire botanique national de Brest, Frédérique Bonnard-Le Floc'h,

les membres du Conseil syndical et du Conseil scientifique,

ainsi que le Directeur, Dominique Dhervé et les équipes du CBN

vous adressent leurs voeux pour cette nouvelle année

 

Alors qu’émergent des questions sur les adaptations de la forêt aux changements globaux, dans un contexte où les pressions sur la forêt bretonne augmentent, une amélioration de la connaissance des végétations forestières apparaît indispensable.Depuis 2021, le CBN de Brest a engagé un travail de synthèse des données existantes ainsi qu’un travail de recueil de données complémentaires.

Unepremièresynthèse des données disponibles en base de données au Conservatoirea été engagée.Pour la plupart des végétations forestièresprésentes ou susceptibles d’être présentes en Bretagne, les connaissances apparaissentencore insuffisantes ; ellesne permettentsouventpas d’établir leur répartition à l’échelle régionale, ni à fournir des données de référence pour leur composition floristique.

Des inventairescomplémentairesont également été réalisés. Ilsont ciblécertaines végétations méconnues et/ou à fort enjeu de conservation tellesque les chênaies hyperatlantiquesde Basse-Bretagneet les aulnaies marécageusesainsi que des secteurs du territoire sous-prospectés.

Le CBN de Brest poursuivra son travail sur les végétationsforestièresde Bretagne dans l’objectif de produire des synthèses et faire avancer la connaissance. Les inventaires se poursuivront et un travail de recherche, d’analyse et de dépouillement bibliographique sera engagé.

 

Nombre de relevés phytosociologiques forestiers recensés par maille de 10x10 km d’après les données de terrain du CBN de Brest sur la période 2010-2023. Sources : bases de données du CBN de Brest, 23 octobre 2023.


© Vincent Colasse - CBN Brest

 

La petite Salvinie (Salvinia minima), une espèce exotique originaire d’Amérique du Sud, a été observée pour la première fois sur le territoire d’agrément du CBN de Brest dans le département de l’Orne. Il s’agirait de la seule localité connue en France en milieu naturel ; l’autre population découverte il y a 3 ans en Charente-Maritime ayant été éradiquée depuis (Jean-Marc Tison, comm. pers. 2023).

Cette espèce appréciée des amateurs d’aquariophilie a été signalée sur la commune de Saint-Roch-sur-Egrenne (61), en contact avec une station de Luronium natans connue depuis plusieurs années du Cen Normandie.

Le biotope où se situe la population correspond à un bras peu actif de la rivière Egrenne. Deux stations ont été découvertes, l’une dans une dépression humide exondée, plus ou moins ombragée, la seconde dans la portion en eau du bras de l’Egrenne. La station exondée paraît relativement restreinte (quelques m²) ; la station « flottante » montre en revanche un recouvrement important et monospécifique, traduisant le caractère envahissant de la plante.

Cette fougère aquatique se distingue des autres espèces du genre Salvinia par la petite taille des frondes (longueur ne dépassant pas les 2 cm et largeur inférieure à 1cm) et par la structure de poils présents sur la face supérieure. En effet, ces poils translucides sont portés par un « pied » plus long que large et les poils à son sommet sont toujours disjoints.

Une surveillance est d’ores et déjà mise en place afin d’évaluer le risque d’envahissement engendré par celle-ci sur les populations d’espèces indigènes (notamment ici Luronium natans : espèce protégée à l’échelle nationale et inscrite à l’annexe II de la directive HFF).

Sa présence établie dans le réseau hydrographique, laisse présager une propagation dans le cours de l’Egrenne, dans les zones plus en aval, toutes aussi propices à son installation.

Même s’il est possible que le froid hivernal puisse éradiquer l’espèce, nos hivers de plus en plus doux lui permettront peut-être de résister comme c’est le cas par exemple pour la Laitue d’eau (Pistia stratiotes) observée dans le Calvados deux années de suite avec une nette progression de la population.

Enfin, il faut savoir qu‘une autre espèce du même genre, Salvinia molesta, fait déjà partie de la liste des espèces préoccupantes de l’Union Européenne et figure à l’Annexe 1-3 de l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain.

 

Découverte de l’espèce et relecture : William Arial_Cen Normandie

Rédaction : Timothée Prey

Détermination : Timothée Prey, CBN Brest avec l’aide de Fabien Dortel, CBN de Brest


Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

 


Structure typique des poils à la face supérieure de la fronde © T. Prey

Station exondée : Salvinia minima en mélange avec Luronium natans © W. Arial

Station flottante : recouvrement abondant et monospécifique de Salvinia minima © W. Arial

 

Contact : Thomas Bousquet, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.