Dans le cadre de leur Master 2 EFCD (Écologie Fonctionnalle, Comportementale et Évolutive), 6 étudiant de l'université de Rennes ont réalisé une série de podcasts, destinée au grand public, traitant de la génétique au service de la conservation de la biodiversité.
Vous y retrouverez l'interview de Stéphane Buord, directeur scientifique des actions internationales du Conservatoire botanique national de Brest qui introduit cette passionnante série de 6 épisodes.
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Comme il l’a également réalisé en région Bretagne (publication à venir), le Conservatoire botanique national de Brest vient de réactualiser la liste régionale des plantes vasculaires invasives, potentiellement invasives et à surveiller.
La région des Pays de la Loire est toujours très concernée par la question des plantes invasives puisque 209 plantes se trouvent inscrites sur la liste régionale des plantes invasives avérées, potentiellement invasives ou à surveiller (142 en 2018, 121 en 2012, 95 en 2008). Parmi elles, 28 plantes invasives avérées posent déjà de graves problèmes, soit pour la biodiversité, soit pour la santé humaine, soit pour certaines activités économiques. Une forte augmentation dénotant à la fois un travail bibliographique plus fouillé, une amélioration des connaissances, mais aussi probablement une véritable amplification du phénomène.
Parmi les évolutions majeures depuis 2018, on notera en premier lieu l’arrivée de nouvelles plantes invasives avérées émergentes dans un département pourtant relativement épargné (la Sarthe) : le Thé du Sénégal (Gymnocoronis spilanthoides) et le Myriophylle hétérophylle (Myriophyllum heterophyllum) sur la vallée de la Sarthe. La Crassule de Helms (Crassula helmsii) poursuit également une expansion rapide qui risque encore de s’accélérer.
Gymnocoronis spilanthoides Thé du Sénégal. © Photo Fabien Dortel CBN de Brest
Nous rappelons dans ce document que la très grande majorité des proliférations végétales constatées sont liées à l’activité humaine : ses déplacements, son action sur le vivant, les sols, les paysages, le climat et les cycles biogéochimiques. Ceci doit inciter à raisonner de façon systémique et à agir dans un esprit de responsabilité, d’humilité et de discernement. Cette liste, n’ayant pas de caractère réglementaire, constitue l’un des éléments importants pour la mise en œuvre de stratégies de gestion des plantes exogènes, à l’échelle régionale comme à l’échelle de sites. Son actualisation régulière est indispensable, le phénomène des invasions biologiques étant en constante évolution.
Le Conservatoire botanique national de Brest, en partenariat avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et la Région Normandie, a proposé et mis en œuvre un projet de connaissance, d’identification et d’élaboration d’outils de reconnaissance des végétations de zones humides pour les acteurs locaux.
Initié sur la vallée de la Sélune en 2013, ce programme s’est développé sur l'ensemble des bassins versants des Bocages normands, en intégrant l’ensemble des végétations de zone humide.
Les outils ont été élaborés et testés sur les bassins versants de l’Orne et de la Dives en 2014-2016 (Laville et Juhel, 2017). L’étude s’est poursuivie ensuite sur les bassins côtiers de la Manche et les bassins versants de la Sée et de la Sienne en 2017-2018 (Laville, 2018), puis en 2019-2020 sur les bassins versants de la Vire et de la Seulles (Laville, 2021). Ce programme d’inventaire s’est terminé sur les bassins versants de la Douve et de la Touques en 2021 et 2022 (Demarest, Goret et Prey, 2023).
L'objectif principal de l’étude est de réaliser un outil pertinent et adapté d’identification des végétations des zones humides à destination des acteurs locaux de la préservation et de la gestion de ces milieux. Cet outil doit permettre d'évaluer l'état de conservation des zones humides en proposant des indicateurs sur la qualité écologique des habitats humides terrestres et aquatiques. La présence d'une végétation donnée à un endroit donné renseigne sur les caractéristiques écologiques, physiques (sol, climat, hydrologie...), dynamiques du secteur étudié. C'est donc ce caractère "intégrateur" de la végétation qui en fait un outil de compréhension et de description des habitats. Cette étude a permis de compléter et de développer la connaissance sur les végétations de zones humides du territoire bas-normand (écologie, répartition, fréquence, localisation, dynamique et état de conservation).
Ce programme a permis de compléter et de développer la connaissance sur les végétations de zones humides du territoire bas-normand (écologie, répartition, fréquence, localisation, dynamique et état de conservation). Il constitue également un fondement pour structurer et compléter la connaissance des zones humides dans l’objectif d’accompagner les acteurs de la préservation des zones humides de Normandie. Il pourra ainsi contribuer à la mise en place d’indicateurs pour l’évaluation de l’état de la biodiversité des zones humides. C’est enfin un outil scientifique et pédagogique à valoriser pour la formation de l’ensemble des acteurs travaillant sur cette thématique.
Retrouvez l'ensemble des guides dans notre boîte à outils
Depuis 2016, le Conservatoire botanique national de Brest œuvre au côté des partenaires locaux pour une meilleure préservation des prairies naturelles de Belle-île-en-mer. En effet, comme nous en avions déjà fait part dans un précédent article, les prairies belliloises constituent un patrimoine collectif majeur, mis en évidence que très récemment.
Les résultats des différentes études produites ces dernières années par le CBN de Brest permettent de confirmer la responsabilité de Belle-île-en-mer pour la conservation de ces milieux. Ils démontrent la nécessité de sensibiliser les acteurs locaux aux enjeux de leur préservation et de poursuivre la forte dynamique agroenvironnementale engagée depuis 2016 sur l’île. Ces enjeux de conservation apparaissent d’autant plus importants dans le contexte actuel de diminution progressive des surfaces agricoles sur l’île, et en particulier des surfaces de prairies, qui remet en cause la préservation de cette biodiversité ainsi que l’identité paysagère du territoire.
© Elise Laurent - CBN Brest
Après avoir réalisé une typologie des prairies, mis en évidence les enjeux de conservation et établi une cartographie des prairies dans les terrains du Conservatoire du littoral et du Département du Morbihan, le CBN de Brest a été retenu par la Communauté de communes pour construire un outil d’aide à l’identification des différents types de prairies bellilois et des enjeux de conservation associés.
Des clés de détermination, accompagnées de fiches descriptives des différents types de prairies, ont ainsi été élaborées pour faciliter l’identification des types de prairies par des généralistes de l’environnement, notamment par les agents du service Espaces naturels de la communauté de communes en charge de l’animation de la politique agro-environnementale sur l’île. Cette étude représente l’aboutissement d’un travail de plusieurs années sur la typologie des prairies de Belle-île-en-mer. Elle constitue une synthèse des connaissances phytosociologiques actuelles sur les prairies du territoire bellilois. Suite logique de tous les travaux engagés sur le territoire, ce guide permet maintenant de transférer les connaissances acquises aux acteurs locaux, meilleurs relais de la conservation de ces milieux.
Orchis laxiflora © Vincent Colasse - CBN Brest
Après une journée de formation et d’échanges au printemps 2022, les clés de détermination et les fiches descriptives ont été testées au cours de l’année par les participants. Après quelques modifications et compléments pour rendre l’utilisation des clés plus aisée en 2023, ce guide peut maintenant être utilisé en routine. Il vise avant tout à permettre une meilleure identification des enjeux liés aux prairies dans le cadre de la poursuite de l’animation de la politique agroenvironnementale de l’île et d’envisager une gestion conservatoire sur les milieux présentant les enjeux les plus importants. Il contribuera également à améliorer l’accompagnement des exploitants agricoles occupant les terrains du Conservatoire du littoral ou du Département du Morbihan et des porteurs de projet sur l’aspect environnemental (notamment dans le cadre des évaluations d’incidences Natura 2000 obligatoires en cas de retournement d’une prairie).
Avec l’aide d’un stagiaire, une cartographie des types de prairies de la zone Natura 2000 est prévue en 2024. Celle-ci permettra de mettre à jour la répartition des habitats d’intérêt communautaire non pris en compte lors de la cartographie des habitats du site en 2002, notamment des prairies maigres de fauche (UE 6510).
Pour poursuivre le transfert des connaissances acquises jusqu’aux principaux intéressés, un temps d’échange à destination de l’ensemble des agriculteurs bellilois serait à prévoir. Il semblerait également important d’engager un travail avec les professionnels du monde agricole pour mieux intégrer ces prairies naturelles à forte valeur patrimoniale dans les itinéraires techniques actuels.
© Vincent Colasse - CBN Brest
> Téléchargez les outils d'aides à l'identification des types de prairies de Belle-Ile-en-Mer
L’Hyménophylle de Wilson (Hymenophyllum wilsonii) est une fougère discrète extrêmement rare et menacée en France. Evaluée en danger sur les listes rouges UICN aux niveaux national et régional, cette espèce protégée est recensée en seulement 6 localités françaises dont 5 en Bretagne. Le premier état des lieux complet de l’ensemble de ses localités a été réalisé cet automne par le CBN de Brest et son réseau de correspondants bénévoles, ainsi que les chargés de mission Natura 2000 des sites concernés, permettant de préciser l’état de conservation de ses populations.
© Gaëtan Masson - CBN Brest
Recensée dans le monde en Europe atlantique et en Macaronésie, l’Hyménophylle de Wilson est connue en France en seulement trois départements : la Manche où l’espèce n’a pas été réobservée depuis 1992, les Côtes-d’Armor et le Finistère. Cette fougère s’observe principalement au sein de chaos granitiques du centre Bretagne, ainsi que sur les crêtes rocheuses des monts d’Arrée. Ces biotopes bénéficient d’un climat océanique et d’une atmosphère saturée en humidité. Ces conditions sont propices au développement de cortèges d’espèces hyper-atlantiques regroupant plusieurs fougères et bryophytes à fort enjeu de conservationnotamment.
Au sein de ses stations, l’Hyménophyllede Wilson forme généralement des petits « placages » verticaux sur les roches, en mélange avec plusieurs espèces de mousses et d’hépatiques. Au total, l’ensemble des populations françaises d’Hymenophyllum wilsonii cumulent une surface de moins de 20 m² ! Elles apparaissent globalement en bon état de conservation, mais une petite partie présente un état de conservation moyen voire mauvais. Les principales atteintes identifiées pour cette espèce sont :
- Le piétinement, la fréquentation et l’arrachage ;
- La concurrence végétale (en particulier par des espèces de mousses telles que Thuidium tamariscinumou Rhytidiadelphus loreus)
- L’accumulation de litière (feuilles mortes, branchages, végétaux et lichens décomposés) pouvant localement étouffer les stations d’Hymenophyllum wilsonii et/ou favoriser le développement de végétaux plus concurrentiels ;
- La baisse de l’humidité générale au sein des stations, pouvant être due à des modifications du fonctionnement hydraulique (barrages et prélèvements d’eau potable en particulier) notamment.
© Emmanuel Reymond association Cicindèle
La surveillance des populations de l’Hyménophylle de Wilson permettra d’année en année de suivre finement l’évolution de leur état de conservation, indicateur pertinent pour veiller à la pérennité de cette espèce pour laquelle la Bretagne porte une forte responsabilité.
Retrouvez la répartition de l’espèce sur eCalluna